En Belgique, un animal est au cœur de toutes les polémiques depuis quelques mois. À lui seul, il reste un sujet de conversation encore aujourd’hui et fait débat dans le pays. Que s’est-il bien passé pour que les plus hautes autorités fédérales belges et péruviennes se querellent autour d’un petit chat sans défense ? On vous raconte.

Il faut remonter au début de la propagation du Covid-19 fin mars dernier. Une étudiante belge de 23 ans est rapatriée de la ville de Cuzco au Pérou où elle séjournait pour un stage.

Sur place, Selena Ali adopte un Chat ‘Katje Lee’ plus populaire sous le nom de ‘Lee’.

Lee, le chat au cœur du débat en Belgique

De retour dans la ville d’Anvers, l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire se saisit de l’affaire. L' AFSCA met en cause ‘l’historique incertain du chat et le fait que le Pérou soit un pays à haut risque pour la rage.’ À ce titre, l’agence fédérale belge n’accorde pas l’importation du matou dans le pays. Une décision validée par le Conseil d’État. Lorsqu’on sait que la rage continue de tuer près de 55.000 personnes dans le monde, ce choix pourtant arbitraire semble le plus opportun face à la situation. Une décision contestée par Selena Ali, qui n'hésite pas à utiliser les réseaux sociaux et les médias pour faire entendre sa voix.

Dans une publication Facebook du 29 mai elle déclare même : 'La grandeur d'une nation et son progrès moral peuvent être jugés à la manière dont ses Animaux sont traités.'

Des solutions sont proposées à la propriétaire de Lee

Consciente de l’attachement probable de la jeune femme à son nouvel animal de compagnie, l’AFSCA lui propose plusieurs alternatives :

  • Faire garder Lee temporairement par un ami ou une connaissance au Pérou
  • S’assurer que le chat remplisse ensuite tous les critères d’adoption (vaccination, test sanguins, puce etc.)
  • Patienter enfin environ 3 mois après le vaccin contre le rage pour rejoindre la Belgique

Mais c’était sans compter sur le caractère de la jeune propriétaire flamande.

En effet, Selena Ali monte malgré tout dans l’avion avec son chat Lee pour rejoindre son pays natal.

Lee risque l’euthanasie

Face à ce problème qui concerne une citoyenne lambda vient alors se poser la question de l’euthanasie. En Belgique cette pratique est légale pour les animaux. Pour éviter tout risque d’infection et en raison d’un risque de transmission élevé, notamment en pleine période de Covid-19, cette solution se profile alors.

Interviennent alors dans l’affaire le gouvernement belge et la justice du pays. Le juge des référés s’est même positionné contre l’euthanasie du félin. Au tribunal les deux parties ont défendu leurs positions respectives sous tension.

Selena Ali sort sous les applaudissements et compte sur le soutien du ministre flamand du Bien-être animal, Ben Weyts, ainsi que d’associations de défense d’animaux, présentes sur les lieux. Une porte-parole de l’AFSCA, qui veut donc euthanasier le chat, a même porté plainte après avoir été menacée dans l’affaire. Effectivement aux abords du palais de justice comme sur les réseaux sociaux, cette histoire ravive certaines oppositions au sujet de l’euthanasie des animaux.

Mais la demande d'euthanasie du chat est jugée illégale par la justice belge. Également, le Pérou qui s'est senti quelque peu vexé par les craintes avancées par certains politiques belges réagit. L'ambassadeur du Pérou en Belgique se dit en faveur d'un retour de Lee vers le pays des Incas.

Lee est reparti au Pérou

Ultime rebondissement ou plutôt la boucle qui se referme pour le chaton. Lee a pris l’avion ce lundi 15 juin depuis la Belgique en direction du Pérou, sans Selena Ali sa propriétaire. Au Pérou, le chat sera mis en quarantaine et pourra bénéficier de tous les soins adéquats. Une histoire qui soulève à nouveau la question de l'euthanasie pratiquée pour certains animaux. Elle remet aussi l'éthique, la souffrance voire la cruauté animale au cœur des débats de société. Une solution diplomatique a donc permis à Lee de rester en vie, il sera accueilli au Pérou par une famille d'accueil qui s'occupera de lui pendant les quinze jours de sa quarantaine.