Soyons honnête, l'enquête est probablement l'une des plus compliquées que la police a eu à résoudre depuis de nombreuses années. Sept victimes sans "modus operandi". C'est probablement ce manque de marque distincte qui fait douter les enquêteurs. En effet, il est très rare qu'un tueur en série ne signe pas ses meurtres ne fut ce que par la répétition de certains détails. Morphologie de ses victimes, lieux et environnements, type d'arme usitée, maquillage ou plus simplement la mise en scène que le bourreau met en place pour satisfaire ses pulsions.
Dans le cas présent, aucun indice ne permet d'élaborer la moindre piste et s'il faut croire les enquêteurs, le ou les assassins démontrent une intelligence qui le ou les rends particulièrement dangereux.
Sur l'ile de Ré, les habitants se terrent. Chacun appréhende d'être la prochaine proie de cette folie meurtrière. Soulignons tout de même, malgré l'omerta policière, la découverte d'un fait étrange. L'une des victimes serait la fille de l'un des hauts gradés chargés de l'enquête. Si ce fait venait à se démontrer, nous serions confrontés à un manque flagrant de déontologie au sein des forces de l'ordre.
Vénus en Ré
En signant son dernier roman "Vénus en Ré", Christine Brunet offre à ses lecteurs le plaisir de frissonner au cœur d'un labyrinthe intelligemment construit.
On y retrouve nos acteurs préférés (voir "Convergences"), deux inspecteurs complémentaires qui nouent des relations pour le moins ambigües. Des meurtres en série, des policiers qui pataugent, des professionnels qui bâclent le boulot et qui obligent les plus hautes instances à réintégrer une inspectrice démissionnaire. Inspectrice, médecin légiste, j'avoue ne pas être certain de la définition qui convient à ce petit bout de femme.
Femme certes, mais têtue comme une porte de prison et qui arrose son coéquipier de toute la rancœur qu'elle porte à : à quoi au juste? Amour et rancœur, haine ou attirance, tout se mélange et c'est tant mieux pour le bonheur de notre voyeurisme littéraire.
"Vénus en Ré" décrit l'improbable et ne se contente pas de clichés si souvent usités.
Les héros de cette histoire ne sont ni blancs ni noirs. Attachants certes, opiniâtres certainement, mais n'hésitent pas à franchir les limites de la légalité pour des fins discutables.
Christine Brunet est probablement l'une des écrivains contemporaine à classer parmi les "incontournables". Née dans le sud de la France, passionnée de langue, elle étudie le tchèque à Prague avant d'apprendre l'arabe au Caire. Rédactrice en chef de la revue littéraire belge "Les petits papiers de Chloé" et présentatrice de l'émission culturelle "Actu-Tv" elle porte les auteurs à bout de bras et mérite tous les hommages.
Vénus en Ré est particulièrement bien réussi. Jamais je n'ai été déçu par les écrits de Christine Brunet et je salue par la même occasion l'énergie et le temps qu'elle passe à défendre ses confrères.
"Vénus en Ré" Christine Brunet, c'est paru aux éditions Gascogne ISBN: 978-2-36666-093-7