Nominé huit fois pour les oscars qui auront lieu le 26 février prochain, moonlight, adaptée de la pièce de théâtre In Moonlight Black Boys Look Blue de Tarell Alvin McCraney n'en mérite pas moins. C'est une véritable bombe existentielle, sensible et poétique qui baigne dans la moiteur et les ondes colorisées de la nuit de Miami. Une nuit qui on le sait, rend les chats gris, mais aussi, selon la grand-mère de Little, détentrice d'une croyance immémoriale, révélerait les garçons noirs, bleus. C'est sur cette croyance que démarre ce triptyque qui dépeint la vie d'un personnage vivant dans un quartier déshérité de Miami où la criminalité règne, Liberty city.

Little fait face à la découverte de soi et la difficulté de trouver sa place dans un univers régi par la violence.

Par la description du parcours de Little/Chiron/Black, le même personnage à trois étapes de sa vie, le réalisateur Barry Jenkins dresse une critique politico-romantique d'une grande beauté visuelle, où la subtilité des émotions se conjuguent aux regards qui en disent long. Grâce à la nuit et la lune, grâce au noir qui devient bleu, Barry Jenkins nous permet d'accéder à la sensibilité et laisse parler les émotions, les non-dits, tout aussi puissants que les insultes ou les violences physiques trop souvent assimilé au gangsta noir-américain. C'est une démonstration magnifique, avec force et finesse, de la puissance de la norme sociale dans la quête de soi, dans la construction de l'amour de soi et des autres.

D'autant plus pour un homosexuel vivant dans un univers supposé viril.

Oscar ou pas, Moonlight excelle sur tous les plans

Sur une bande originale splendide, les acteurs portent leur rôle avec éclat. L'enfant qui observe et qui apprend, peureux dans un monde sauvage. Le père adoptif, incroyable dealer en lutte avec ses contradictions.

La mère junkie qui sombre dans ce monde impitoyable. L'ado broyé par la pression. L'adulescent incandescent, enflammé par l'amour et la haine de soi. L'amant chef cuistot, préparant un repas comme on fait des préliminaires.

Même s'il ne reçoit pas les oscars pourtant hautement mérités, surtout dans le contexte politique américain actuel avec les premiers jours de Trump au pouvoir ou la fusillade décimant un club gay en Floride, Moonlight n'en sera encore que plus juste.