L'histoire se passe dans une petite ville de Bourgogne près de Beaune. Jean (Pio Marmaï), l'aîné d'une fratrie de trois enfants, revient dans le vignoble familial après 4 ans et 11 mois passés à faire le tour du monde. Il y a la mort de son père qui précipite son retour, mais aussi comme un besoin d'un retour aux sources, qu'il fuyait pourtant au départ.

Le temps, le coeur du film

Le temps est un outil primordial du film, il est même au cœur de l'histoire. Il en permet la compréhension par de nombreux flash-backs et le défilement des saisons. La beauté du paysage ainsi cultivé est alors toute à l'honneur.

On y souligne la continuité des lignes établies depuis des années par l'homme, le vert des feuilles de vigne est si vif qu'il illumine chaque scène qui s'y déroule. On a du mal au milieu de cette abondance de couleurs à imaginer un tel déchirement des personnages. On s'attarde donc longuement à observer le changement de la vigne, sa croissance comme sa destruction, tout en étudiant les relations entre les êtres, qui de la même façon, se construisent et se déchirent. Du moins au début, car ensuite Cédric Klapisch évite l'écueil d'une certaine lourdeur du scénario en ne s'appesantissant pas sur des situations trop évidentes et milles fois mises en scène, l'histoire du plus jeune frère reprochant à son aîné son absence injustifiée.

Au contraire, les liens se retissent sans difficultés, presque naturellement le sentiment fraternel revient et l'on peut alors aboutir à quelque chose qui transpire l'humanité et la bienveillance. Cette légèreté instaurée dès la fin du premier quart du film se poursuit jusqu'au dénouement. Une fois la fratrie réunie, on rattrape le temps perdu.

Les blagues, bien que réutilisées plusieurs fois, sont très bien senties mais apparaissent aussi très écrites.

En accord avec son époque

Ces quelques épiphanies comiques se déroulent cependant sur fond d'une flopée de questionnements contemporains. On remarque ainsi quelques pointes d'écologie dans l'aversion des personnages pour les pesticides, qui ont d'ailleurs causé la mort du père.

On retrouve aussi dans le personnage de Juliette (Ana Girardot), la frangine de Jean, un thème féministes avec l'affirmation de cette femme dans un milieu essentiellement masculin. Mais le thème le plus important est certainement celui de la réalité financière inhérente au monde du vignoble. En effet, outre ce que l'on apprend sur la culture du vin, sur la faculté à goûter des vignerons et à déceler le moindre ingrédient du liquide, la mort du père - qui enseignait cette même culture à ses enfants - précipite des questionnements d'héritage et de vente du domaine au plus offrant afin de rembourser des droits de successions exorbitants. On voit alors les rouages d'une industrie paradoxale, réputée comme étant synonyme de luxe, cultivée sur un terrain acheté à prix d'or, nécessitant une main d’œuvre et un temps considérables, mais dont le rendement final est bien moindre.

Jean explique d'ailleurs à sa femme (jouée par Maria Valverde) avec qui il cultive en Australie, que la différence entre la Bourgogne et le reste du monde est certainement qu'ici on fait du vin pour les années à venir. Le vin n'est pas un plaisir immédiat, il se déguste, s'observe, pour faire sa place dans les mémoires.