Le Land Art émerge à la fin des années 60 avec les Earth works que sont ces expositions de terrassement (terme anglais) où les œuvres présentées ont été créées à base de terre. L'objectif du Land Art est de revenir à l’essentiel et donc à la nature. Le paysage devient une véritable œuvre d’art et le matériel utilisé n’est tout autre que ce que peut offrir la nature. Le bois, la terre, le sable, la verdure ou encore la pierre sont réappropriés par l’homme qui déplace, peint, sculpte, tresse ou creuse pour façonner son environnement comme il l'entend.

L’environnement comme source d’inspiration

Les artistes prônent l'anticonformisme en s’éloignant des cadres conventionnels et formels comme les musées ou galeries d’art afin de trouver de nouveaux horizons qui leur permettront d’entrer en communion avec la nature.

Art éphémère, une fois l’œuvre achevée c’est à la nature de décider si elle veut reprendre ses droits ou si elle laisse l’œuvre subsister et se fondre durablement voir définitivement dans le paysage. Certains artistes choisissent d’immortaliser l’œuvre sur photographie afin de laisser une trace à ceux qui ne pourront jamais la voir.

Un mouvement contestataire

Dans une société de consommation dominée par la logique capitaliste et le processus de mondialisation, l’œuvre d’art se vend, s’achète et se collectionne.

Devenu une véritable marchandise, l’art perd son essence même qui réside dans l’expression d’une pensée créative de l’artiste.

En effet, le Land Art s’inscrit dans la lignée des mouvements artistiques comme l’Art conceptuel qui critiquent cette matérialisation et marchandisation de l’art. Pour eux, revenir à l’essentiel de la nature c’est aussi une manière de revenir à l’essentiel de l’art.

A travers ces œuvres périssables, fragiles et inaccessibles, les artistes développent un art sans valeur marchande qui ne peut être possédé par quiconque. Juste une œuvre que les fervents d’art ou les simples curieux peuvent contempler.

Le Land Art est aussi chez certains artistes l’expression d’un militantisme environnemental ou d'une simple conscience écologique.

L’artiste mexicain Alejandro Durán conçoit ses œuvres avec des déchets collectés autour de son projet Washed Up pour dénoncer les dangers de la surconsommation et les comportements néfastes de la société qui ne respecte pas toujours sa planète qui pourtant lui offre tellement...

Des trésors de la nature

Ce mouvement d’avant-garde existe depuis une poignée d'années seulement et des artistes ont déjà marqué leur empreinte en réalisant des œuvres pleines de poésie qui ont transformé l'environnement naturel. Spiral Jetty (1970) de l’artiste américain Robert Smithson est l’une des œuvres les plus mythiques du Land Art. Au bord du Grand Lac Salé situé dans l’Utah aux Etats-Unis, on retrouve cette majestueuse spirale composée de cristaux de sel, bois, rochers de basalte et de terre ; circulaire et infinie, elle redéfinit avec harmonie le paysage environnant.

Certains artistes ajoutent des éléments manufacturés afin de mêler l'artificiel au naturel. Le couple Christo et Jeanne-Claude ont notamment utilisé un tissu couleur fuchsia pour entourer une baie de 11 îlots à Miami afin de réaliser leur chef d’œuvre Surrounded Islands (1983) ; la complémentarité du vert foncé et de ce rose vif interpelle le regard pour un pur moment de dépaysement.

Les artistes du Land Art jouent avec les éléments, formes, dimensions, couleurs pour réinventer les paysages et donc un peu plus l'art dont la définition ne cesse d'évoluer, de se remodeler au fil des siècles.