Né Jean-Pierre Mokiejewsky, le réalisateur Jean-Pierre Mocky, surnommé l’enfant terrible du Cinéma est décédé ce jeudi 08 août à l’âge de 86 ans. Personnage hors du commun dans un cinéma français qui se voulait très propre à son époque, Jean-Pierre Mocky, commença sa carrière comme figurant dans « Les visiteurs du soir » de Marcel Carné en 1942. Après avoir enchaîné des petits rôles dans différentes productions plus ou moins oubliables, il s’envola pour l’Italie où il joua dans « Les Vaincus » de Michelangelo Antonioni en 1952. C’est là qu’il trouvera sa voie et dégotera des stages chez Fellini et Visconti.
Selon lui, ne trouvant pas de rôle, il devint réalisateur. Et c’est en 1959 avec « Les Dragueurs » dans lequel il dirigea Jacques Charrier (La Belle Américaine), Charles Aznavour (Tirez sur le pianiste) et Anouk Aimée (Un Homme et une Femme), que Jean Pierre Mocky se fait connaitre.
Une carrière qui prend de l'élan avec Bourvil
Son premier grand succès, il le décrochera en 1963 avec « Un drôle de Paroissien » dans lequel il transforme Bourvil en aristocrate qui refuse de travailler et préfère voler les troncs d’église. La collaboration avec le comédien, reste l’un des meilleurs souvenirs de la carrière du réalisateur, qui confiera des années plus tard : « La relation que j’ai eue avec Bourvil a été la plus heureuse et la plus fructueuse de ma vie ».
Les deux artistes collaboreront plusieurs fois : « La grande Frousse » (1964), ou encore « L’étalon » (1969). Avec un style inimitable fait d’un cinéma à l’humour noir et au cynisme constant, Jean-Pierre Mocky était autant célèbre pour ses films que pour ses colères et ses coups de gueules sur des plateaux TV, comme lorsqu’il venait défendre son film : « Les saisons du plaisirs » dont l’affiche, jugée trop tendancieuse, fut interdite.
Mais Jean Pierre Mocky c’était aussi un réalisateur qui savait également faire des films plus sérieux, comme « Solo » en 1970, dans lequel il dépeint le parcours de militants d’extrême gauche préparant des attentats contre la bourgeoisie. Sur une bande son signée Georges Moustaki, le film signe le tournant sombre et politique du metteur en scène.
Tournant qu’il confirmera avec « L’Albatros » un an plus tard, dans lequel il parle de la corruption politique, avec cette fois une bande son signée Léo Ferré. Et puis bien sûr l’un de ses plus gros succès : « A mort l’Arbitre » en 1983, dans lequel il dénonçait le fanatisme dans le football, avec dans le rôle principal Michel Serrault qui, avec Jean Poiret et Francis Blanche, fit partie des acteurs fétiches du réalisateur.
Un âge incertain comme ultime pied de nez
Comme un ultime pied de nez, il est difficile de donner avec précision l’âge du réalisateur, car selon les archives de l’AFP, ce dernier est né en 1929, ce qui lui donnerait l’âge de 90 ans, au moment de son décès. Seulement, d’après son autobiographie en 2014, il indiquait être né en 1933, et justifiait cette différence par une anecdote concernant son père, juif polonais qui aurait fait falsifier l’acte de naissance de son fils, pendant l’occupation afin qu’il puisse prendre le bateau tout seul, pour rejoindre son oncle en Algérie. Une chose est sûre, malheureusement, Jean-Pierre Mocky s’est éteint ce jeudi après-midi, laissant derrière lui une filmographie iconoclaste et brillante.