Tout le monde s'accorde sur la nécessité d’alléger les charges sociales des entreprises pour leur permettre d'embaucher. C’est la raison pour laquelle le CICE (Crédit compétitivité emploi) a été mis en place. Mais cette stratégie n’a pas du tout fonctionné parce qu’elle ne s'applique pas dans un cadre strict et bien définit et n'impose aucune obligation aux entreprises. Lorsque le comité du CICE a rendu son rapport annuel, le constat était que le dispositif aura certes permis d'améliorer les marges des entreprises et leur rentabilité, mais n’a pas du tout profité à l’embauche, l'investissement et l’innovation !
Par contre, les dividendes versés par les entreprises ont explosé ! A tel point que la France aura été championne d'Europe en dividende en 2015 ! Les sommes versées aux actionnaires ont grimpé à 35 000 milliards d'Euros, une hausse record, la 3ième plus forte dans le monde. Le dispositif a été reconduit sans aucun ajustement alors qu'il ne sert pas sa fonction première : favoriser l'embauche. Pour être sûr que les entreprises ne réinjectent pas l’économie faite des charges sociales dans les bénéfices (pour les actionnaires), la solution serait de figer la productivité au meilleur niveau de leur historique. Dans ce cas l’entreprise mécaniquement aura plus de rentabilité, et pour revenir à une productivité normale l'embaucher s'impose alors.
Aujourd'hui les chiffres d'affaires sont stables au mieux ou en léger recul. Les groupes imposent un taux de productivité qui grimpe d'un point chaque année la plupart du temps. Ce principe bloque l'embauche impliquant d'abaisser les salaires ou les stabiliser. Investir c'est aussi créer des emplois et aujourd'hui une entreprise qui investit, sans élever ses ratios de productivité entre dans une spirale positive en favorisant les embauches.
Figer la productivité c'est s'assurer que les entreprises utilisent l'économie faite grâce au soulagement des charges sociales soit pour embaucher et créer de la valeur (du chiffre d'affaire), soit pour investir dans un outil de travail vieillissant à remettre au niveau. Dans le cas de l'investissement, les actionnaires augmentent aussi leurs bénéfices donc tout le monde y gagne.
Exemple, une entreprise économise 30 000€ de charge sociale par an, si la productivité n’est pas figée, l’entreprise est en économie et donc augmente ses bénéfices, c'est la logique actuelle, pourtant la productivité figée incite mécaniquement les entreprises à embaucher ou investir pour préserver l’équilibre des comptes, le curseur profitable à tous est d’augmenter les salaires fixes par de l’embauche, ainsi cette enveloppe est réinjectée pour gagner de l’emploie et non simplement pour engraisser les actionnaires. Une économie de 30 000€ permet l’embauche de 2 employés en CDI à temps complet payé au SMIC. Les entreprises bénéficiant du CICE devraient avoir l’obligation de justifier leurs créations d’emplois et ou leurs investissements.
S’il s’agissait d’une enseigne, 30 000€, pour 52 magasins, cela représenterait une enveloppe de 1 million 560 000 €. Cette somme devrait servir pour moitié pour l’embauche et l’autre moitié pour l’investissement. En étant conditionné à un ratio de productivité croissant beaucoup d'entreprises se trouvent dans l’impossibilité d’embaucher ou investir sauf si le chiffre d’affaire augmente, mais dans les conjonctures actuelles ou tout augmente, il est bien difficile de faire plus de 2 % de croissance du chiffre d’affaire.
La productivité française est parmi les meilleures au monde
Donc, pas de panique, nous ne sommes pas en berne. Pour l'heure, la priorité est la relance de l'emploi et la croissance indéfinie est un leurre.
Par ailleurs, il serait plus équitable de ne pas accorder les mêmes avantages aux entreprises qui use" d'optimisation fiscale " en s'arrangeant pour ne pas payer d’impôt en France d’une part et de faire varier le taux d’imposition selon la taille des entreprises. Aujourd’hui il est le même pour tous, actuellement 33% mais les grandes entreprises ont les moyens de tricher pour éviter l’impôt. Augmenter pour les grands groupes et les trusts servirait aussi à freiner ce phénomène de monopolisation des richesses qui fausse tout et nuit à la majorité. 0,7 % des entreprises dans le monde contrôlent 80% de la richesse mondiale produite. 147 entreprises seulement contrôlent 40% de l’activité mondiale. Les économies sont détruites par une logique qui prône une quête de productivité et de rentabilité qui progresseraient indéfiniment pour produire toujours plus de dividendes aux actionnaires, au détriment de la majorité des personnes, (les moins riches), et de l'intérêt collectif mais aussi en nuisant à tout l'écosystème et en mettant en péril l'avenir de l'humanité. Nous devons faire des choix qui vont dans le bon sens. Le capitalisme libéral sert le business et creuse les écarts de richesse dans des proportions qui ne sont plus tolérables.