C’était, déjà, en avril 1986, et le sentiment, le ressentiment plutôt, anti-Français était à son comble, savamment entretenu par le président Reagan, aux États-Unis. Les Français étaient des trouillards, des sournois, des moins que rien, et de fourbes ‘’commies’’ (communistes). La France, l’Italie et l’Espagne allaient refuser à l’aviation étasunienne de survoler leurs territoires pour mener le raid sur Tripoli (Libye), mais il n’y en avait que contre les Français et leur président d’alors, Mitterrand. J’étais alors dans une petite localité de la Sonoma Valley (N.-California) et mon amie, une ex-Mojada (mouillée car ses parents mexicains avaient traversé le Rio Grande), m’invita à m’exprimer devant sa classe de gamins.
Lors du raid, les pilotes américains ne subirent aucune perte alors que les troupes françaises, engagées au Tchad, avaient compté de très nombreux morts. Mais qu’importait… L’affaire était entendue, au moins pour cette Amérique-là, blanche, ultra-nationaliste. En 2003, après le refus français d’avaliser l’invasion de l’Irak, ce fut pire. Un déferlement d’injures et les French fries (les frites belges) furent débaptisées au profit de Liberty ou Freedom fries, y compris dans tous les MacDo d’est en ouest et des Grands Lacs au pays (francophone) cajun de Louisiane. Croyez-le ou non, une décennie après, cela perdurait. Et avec Trump, il ne fera pas bon bientôt être un Frenchie aux États-Unis dans les contrées du Trumpland.
Depuis Kennedy Airport, mieux vaudra s’envoler direct pour la Californie…
Pro-FN ou antifaf, what’s the hell
La Turquie vient de mettre en garde ses ressortissants résidant ou voyageant aux States. Au faciès, mais aussi à l’oreille, si l’accent semble étranger, vous risquez une franche hostilité. Tout comme au Royaume-Uni aux lendemains de la victoire du Brexit, dans ce pays où fleurissaient les ‘’No dogs, no French’’ (années 1960), la partie Trumpland des USA ne fera pas dans le détail.
Que vous soyez pro-FN ou antifaf, vous serez d’abord une Française, un Français. Trump est Mister minus (-0,5 % dans l’électorat face à Hillary Clinton) nationalement, fédéralement, mais ce sera bientôt Monsieur +7°C (ou même +9°C) pour la postérité. Car avec lui, ce ne sont plus de deux à quatre degrés de réchauffement climatique envisagé, mais largement davantage.
Cela pour la fin du siècle, puis peut-être, pour la planète, le sort de Vénus, qu’on estime avoir été habitable. Et jusqu’à l’élection de Marine Le Pen, qui soutiendra Trump pour dénoncer l’accord de Paris, la France s’opposera au programme de The Donald en matière d’exploitation à outrance des ressources fossiles. Que fera Trump ? Il s’en prendra au symbole le plus facile à exploiter : la duplicité française. Déjà, sans qu’il s’en insurge, on s’en prend aux lieux de cultes des Noirs ou des Latinos, quand ce n’est pas aux individus. Aux suivants, avec les Français. Quand la Trumpland était celle de Reagan ou des Bush, avoir étudié le français, pire, le parler couramment, était hautement suspect (remember: "Good afternoon, or as John Kerry might say, 'Bonjour.’").
C’était, c’est même resté un argument électoral quand la ou le candidat était, est un démocrate. Cela s’était calmé sous Obama, mais je prends les paris : à moins que Trump donne Marine le Pen élue haut la main par avance, cela ressurgira (si ce n’est pas dès à présent le cas). Évidemment, un nouvel attentat djihadiste en France, avec une centaine de morts, pourrait provisoirement arranger notre image de marque. Durablement ? N’y croyez guère. Arrogant, méprisant, élitiste, en Trumpland, le Français est un couard déloyal, c'est dans ses gènes, et d'ailleurs, Hillary Clinton est une (très lointaine) cousine de François Hollande (par des familles québécoises, dont les Couillard). Si ce n'est pas une preuve, cela, alors que vous faut-il de plus... Le French bashing est un acte de foi vertueux en Trumpland.