Oladotun Fadeyiye est plus connu sous son nom de blogueur, Dotun Roy. Avec d'autres jeunes, adeptes des nouvelles technologies, il oeuvre au sein du collectif Uzabe pour un scrutin libre et transparent. Il a récemment reçu un prix du Conseil de la Jeunesse du Commonwealth contre les violences électorales et se sent investi d'une mission, celle de promouvoir la paix, en particulier pendant le scrutin nigérian.



Blasting News : Peux-tu nous expliquer qui tu es et ce que tu fais ?



Dotun Roy : Je m'appelle Oladotun Fadeyiye, je suis un activiste social et un blogueur.

Je crois en la lutte pour la justice sociale, le développement et le changement. Je suis un écrivain passionné et un journaliste d'investigation toujours en train d'oeuvrer pour la promotion de la bonne gouvernance via l'enracinement de la transparence et la culture de la responsabilité au Nigéria mais aussi en Afrique.



BN : Qu'est-ce que le collectif Uzabe ?



DR : En Haoussa, le mot "uzabe" veut dire "tu votes". Il s'agit d'une plateforme en ligne destinée à aider les électeurs le jour du vote, et à les encourager à signaler d'éventuels dysfonctionnements. Nous avons été désigné par la Commission Électorale Nationale Indépendante comme observateurs de ce scrutin. Notre but, c'est d'observer et de rendre des comptes sur ce qui se passera dans les différents bureaux de vote à travers le pays.

Les observateurs enverront ces rapports en temps réel et il y aura des mises à jours facilement accessibles sur cette élection. Il suffira de cliquer sur une carte interactive pour le voir, partout dans le pays.





BN : Comment est l'atmosphère au Nigéria à quelques heures du vote ?



DR : Nous avons le sentiment que cette élection va bien se passer, sans violence.

Néanmoins, les deux candidats favoris pour la trône présidentiel ont l'air désespéré et tentent tout pour arracher le vote des citoyens nigérians.



BN : Quels seront les défis du prochain chef de l'État ?



DR : La corruption est un problème de longue date et cela constituera l'un des défis majeurs du prochain chef de l'État.

Les exactions de Boko Haram se sont multipliées également. Pour moi, corruption et sécurité seront les deux enjeux majeurs du mandat du prochain président.



BN : Que pensez-vous de la politique au Nigéria ?



DR : Aujourd'hui, le monde politique est souvent anti-démocratique. Il n'y a qu'à observer les taxes, le "godfatherism" (référence à l'oeuvre de Mario Puzo, "Le Parrain" ou "GodFather en anglais pour pointer du doigt la corruption et un système mafieux) ou encore le système de la cabale (forme de complot organisé par un groupe de personnes unies autour d'un projet secret visant à conspirer pour le succès de leurs opinions et de leurs intérêts au sein d'un État ou d'une communauté donnée).

J'espère qu'avec le temps, tout ceci sera du passé.



BN : Craingnez-vous des violences post-électorales comme en 2011 ?



DR : Non. Nous avons vu un certain nombre de campagnes pour encourager des élections apaisées, sans violence, et je pense que les Nigérians ont pris conscience des effets négatifs que peuvent avoir des violences post-électorales, notamment sur l'économie du pays.



BN : Quels sont vos espoirs pour l'avenir du Nigéria ?



DR : Le Nigéria est le plus grand marché en Afrique. Et sans aucun doute l'une des économies émergentes sur le continent. Je pense que notre futur s'annonce radieux, nous avons d'énormes ressources, notamment humaines. En dehors du pétrole, nous avons aussi de très belles perspectives en matière d'agriculture et de ressources minérales.