Violation du secret d’affaires, violation du secret professionnel,accès frauduleux à un système de données… tels sont quelques des accusationsadressées à l’encontre du journaliste français Edouard Perrin par le parquet duLuxembourg.
Dans son reportage Paradisfiscaux : les secrets des grandes entreprises, réalisé pour le magazine Cash Investigation de France 2, Perrin révélaitcomment de grandes sociétés conservaient une partie de leurs bénéfices dans despays où la fiscalité leur évitait d’être (trop) taxé. Bien que légaux, les accordsfiscaux qu’il décrivait étaient protégés par le secret professionnel.
Car ces opérationsbancaires privaient de sommes considérables les pays où ces entreprises de tailles étaient installées.
Les informations réunies pour réaliser ce reportage luiavaient été fournies par Antoine Detour, auditeur français du cabinet américainPricewaterhouseCoopers (Pwc). Suite au reportage de France 2, le cabinet avait déposéune plainte au nom de Detour et d’un ancien employé. La mise en examen dujournaliste français est la troisième action en justice que le cabinet d’auditintente à l’encontre des lanceurs d’alerte.
Le consortium ICIJ etle LuxLeaks
En novembre 2014, International Consortium forInvestigative Journalism (ICIJ) publie sur son site de nombreux documentscomplémentaires venant soutenir les révélations de Cash Investigation.
En coopérationavec de nombreux journaux mondialement réputés comme le Guardian, l’Asahi Shimbun, Le Monde ou encore le Süddeutsche Zeitung,le consortium divulgue plusieurs noms très importants et expose lefonctionnement complexe de ces « taxruling ».
Si ces révélations ont fait scandale durant quelquessemaines, elles sont rapidement retombées dans l’oubli.
Elles reviennentaujourd’hui dans l’actualité par l’intermédiaire de l’effet Streisand suscitépar la décision du parquet du Luxembourg.
Réactions desorganisations de journalistes
« Plutôt que de seréformer, le Luxembourg (paradis fiscal) inculpe le #LuxLeaks , »a tweeté Marina Walker, la directrice-adjointe du ICIJ.
« Ces méthodes sontindignes d’un pays comme le Luxembourg.
Le droit à l’information, pilier de ladémocratie, doit primer dans un tel cas”, a déclaré Lucie Morillon,directrice des programmes de Reporters sans frontières.
Ricardo Gutiérrez, le secrétaire général de la Fédération Européennedes Journalistes (FEJ), a fermement condamné cette décision juridique : «les poursuites à l’encontre d’Edouard Perrinrelèvent de la pure intimidation. Lesautorités judiciaires grand-ducales entendent manifestement dissuader la pressede révéler les pratiques d’évasion fiscale qui ont cours au Luxembourg.»
Avantde rappeler que la FEJ, d’autres associations de journalistes et le Conseil del’Europe ont mis en place une Plateformepour renforcer la protection du Journalisme et la sécurité des journalistes.
Au milieu de ce jeu d’interdépendances, comment réagiraJean-Claude Juncker, actuel président dela Commission Européenne et ancien premier ministre du Grand-Duché duLuxembourg (entre 1995 et 2013) ?