"Je ne suis pas un suprématiste blanc. Je suis un nationaliste, je suis un nationaliste économique". Voici ce qu’a déclaré, il y a déjà plus de deux mois, Stephen Bannon, le conseiller en stratégie de Donald Trump, qui a ajouté dans la foulée : "Comme le populisme d'Andrew Jackson, nous allons bâtir un mouvement politique complètement nouveau". L’une des dernières phrases de la toute première interview qu’il a accordée après l’élection de novembre dernier précise encore un peu plus le fond de sa pensée, et elle mérite qu’on y revienne dessus, pour ensuite voir d’où cet homme vient réellement.

‘’Si nous arrivons à réaliser nos projets, nous aurons 60% des voix des Blancs, 40% des voix des Noirs et des Hispaniques et nous gouverneront pendant 50 ans", affirmait-il alors, avant d’ajouter que "ce sera aussi enthousiasmant que pendant les années 1930, plus grand que la révolution Reagan. Les conservateurs seront unis avec les populistes dans un mouvement économique nationaliste". Bannon, qui fait partie du cercle le plus fermé des collaborateurs de Trump, est donc l’idéologue qui décide véritablement de ce que doit être la politique de sécurité nationale des Etats-Unis, et sa vision du monde, assez dualiste, en inquiète plus d’un, et depuis longtemps maintenant…

Bannon : du showbiz à la politique

Cet ancien banquier, qui a travaillé pour la Goldman Sachs, n’a rejoint l’équipe de campagne de Trump qu’à partir de l’été 2017.

Il est véritablement issu de l’aile la plus à droite du parti et sa nomination au poste de premier stratège de la Maison-Blanche a suscité l’indignation de nombreux démocrates. Mais pourquoi ? Il faut remonter le fil des années si l’on veut comprendre celui qui est sans doute l’un des hommes les plus puissants des USA (si ce n’est le plus influent).

Ce natif de Virginie, qui étudiât à Harvard, a donc commencé sa carrière dans le domaine bancaire, avant de créer, à l’aube des années 90, un fonds d’investissement orienté sur les médias (baptisé Bannon & Co). Bannon a d’ailleurs acquis des parts de quelques séries télévisées très célèbres, dont Seinfeld. C’est à ce moment qu’il se lance dans la production cinématographique hollywoodienne.

Il devient alors producteur de «The Indian Runner» (le premier film réalisé par Sean Penn), entre autres. Il se lance par la suite en tant que scénariste et producteur de documentaires, tous orientés politiquement. Nous lui devons des portraits peu flatteurs du mouvement Occupy Wall Street et de l’immigration illégale mexicaine, et un portrait, très flatteur lui, de Sarah Palin (intitulé The Undefeated).

Son ancrage politique continue, puisqu’il devient ensuite le directeur exécutif du groupe Breitbart, et responsable en chef du site d’extrême-droite breitbart.com… L’un de ses derniers faits d’armes est d’ailleurs la publication d’un best-seller orienté contre Bill et Hillary Clinton. Son programme idéologique est donc clair, sans retenue, et son intelligence est manifeste, pour le meilleur ou le pire à venir !

Il est bien entendu inutile de critiquer un homme sur les réseaux sociaux ou dans des articles, car le peuple vote pour qui il veut, et les gouvernements appliquent, généralement, un programme qui était connu à l'avance. Mais il est néanmoins pertinent de s’interroger sur la vision à long terme d’un individu qui a donc déclaré, en face des caméras de télévision, que son parti peut gouverner pendant 50 ans de suite