Emmanuel Macron aurait-il peur de s'engager dans la bataille? Depuis maintenant plus d'un mois que le gouvernement tchétchène massacre les homosexuels, les réactions des chefs d'Etats étrangers se font rares. En dehors d'une dénonciation timide de la part du Conseil de l'Europe, et une demande d'éclaircissement sur la situation par Angela Merkel, le mutisme semble généralisé. Pourtant, les informations remontent de plus en plus de l'enfer tchétchène - notamment grâce au journal d'opposition russe Novaya Gazeta - reste que les seules structures à s'activer sont des ONG avec des moyens limités.

Pour rappel, le président tchétchène Ramzan Kadyrov, arrivé au pouvoir avec la bénédiction de Poutine en 2007, a décidé de s'engager dans une extermination totale des homosexuels d'ici au début du ramadan, c'est-à-dire dans moins d'une semaine à l'heure où nous écrivons ces lignes.

Les associations à la peine

Sur place, les associations semblent débordées et quelque peu impuissantes. En dehors d'une évacuation d'urgence des victimes, très peu de solutions s'offrent à ces structures, très mal vue par le pouvoir en place. Plusieurs manifestations ont eu lieu, en Europe et ailleurs, pour dénoncer la violation quotidienne des droits de l'homme en Tchétchénie. En France, le youtuber Hugo Travers, plus connu sous son pseudo d'Hugo Décrypte, a publié une vidéo demandant une réaction rapide et ferme pour mettre un terme au massacre.

Pour l'instant, il est encore trop tôt et trop délicat pour avancer un quelconque bilan. Mais les quelques rapports disponibles au 1er avril parlent d'une centaine d'homosexuels emprisonnés et torturés et 3 jeunes homosexuels massacrés. Depuis cette date, on ne peut que craindre que ces chiffres aient augmenté. De plus, des dizaines de camps, où sont menés actes de torture et viols, ont vu le jour en Tchétchénie.

La police, quant à elle, non comptant de traquer les membres de la communauté LGBT, encourage les familles à tuer d'elle-même leurs enfants homosexuels, pour "l'honneur". Bien que les preuves matérielles manquent cruellement, les témoignages eux se multiplient, à l'image de France 24 dont les journalistes ont pu rencontrer un jeune Tchétchène gay ayant fui les persécutions.

Du côté du pouvoir russe, mise à part une "engueulade" rapide de la part de Poutine à Kadyrov, aucune réaction significative n'est arrivée de Moscou. Tatiana Moskalkova, la déléguée aux droits de l'homme auprès du Kremlin, a plaidé auprès de Poutine pour la création d'une commission d'enquête. Officiellement, le parquet général a accédé à cette requête, mais le pouvoir russe est toujours aussi frileux à l'idée de condamner Kadyrov. Dimitri Peskov, porte-parole du Kremlin a même déclaré que les informations provenant de Tchétchénie "n'étaient pas confirmées".