Voici plus d’un mois que la purge des homosexuels a débuté en Tchétchénie. Et en dehors d’une petite réprimande d’Angela Merkel, et d’une réaction discrète de Poutine, la communauté internationale reste muette. Pour pallier cette situation dramatique, l’association russe LGBT Network tente d’exfiltrer les survivants de cette purge anti-gays. Comme annoncé dans un communiqué de presse, l’ONG se dit « outragée par les enlèvements et les meurtres de personnes en Tchétchénie en raison de leur orientation sexuelle ».
Le 8 mai 2017, alors que l’Europe commémorait la fin de la Seconde Guerre mondiale et les morts de l’Holocauste, LGBT Network déposait une demande officielle auprès d’une Kremlin pour la formation d’une commission d’enquête.
Cette demande était accompagnée de la liste des crimes et meurtres répertoriés par le journal russe Novaya Gazeta Mais devant le mutisme du gouvernement russe, l’association a pris les devants et a déclenché un plan d’urgence pour évacuer les personnes menacées de mort ou d’enfermement.
Camps de concentration et exécutions sommaires
Les quelques informations qui remontent encore de cet enfer sont glaçantes. Des camps de concentration ont été créés, ou les homosexuels sont torturés et battus, parfois jusqu’à la mort. Plus grave encore, la police demande aux familles d’assassiner elle-même leurs enfants gays pour « l’honneur ». Car si en Tchétchénie l’homosexualité est un crime passible de la peine de mort, cette condamnation est en vérité rarement prononcée.
Cela peut paraître paradoxal, mais les autorités tchétchènes ont décidé de prendre le parti de la discrétion et de la négation perpétuelle, plutôt que celui des procès publics ou le monde entier peut voir et juger. D’ailleurs, le porte-parole du président Kadyrov persiste et signe, en martelant que «l’homosexualité n’existe pas en Tchétchénie», comprenez : comment éliminer des gens qui n’existent pas ?
Quoi qu’il en soit, le massacre continue, et quotidiennement des dizaines d’homosexuels sont traqués, arrêtés, et torturés. Ramzan Kadyrov, tout-puissant leader de Tchétchénie, considéré comme un protégé de Poutine, affiche la volonté de « purger » la société tchétchène des homosexuels avant le début du Ramadan, c’est-à-dire d’ici le 26 mai 2017.
Si cela s’avère vrai, la communauté LGBT toute entière sera éradiquée dans deux semaines. Pour l’instant, médias français et étrangers n’accordent qu’une couverture superficielle et laconique des événements. Du côté des ONG, la situation semble désespérante Mise à part une réaction ferme du Kremlin, ou une évacuation des survivants vers des pays plus démocratiques, il y a fort à craindre que les désirs de Kadyrov deviennent réalité, et ce devant l'indifférence affichée du monde entier. Pourtant, comme le précise Tania Lokchina de Human Rights Watch «il suffirait d’un coup de fil du Kremlin à Kadyrov pour que les arrestations cessent ».