Cela fait plus d’un mois que la crise a débuté, pourtant les condamnations peinent à se faire entendre. En Tchétchénie, République du Caucase du nord, l’Etat a lancé un vaste plan visant à purger les homosexuels de la société. Une sorte de solution finale à la question homosexuelle dont les pouvoirs publics ne cachent pas l’objectif : éradiquer les homosexuels de la population tchétchène. Le 1er avril, la Novaya Gazeta publie un article révélant que des centaines d’homosexuels étaient emprisonnés et torturés dans des prisons secrètes en Tchétchénie.

L’article se base sur des informateurs du ministère de l’intérieur russe, de l’administration présidentielle tchétchène, ou encore le bureau du procureur de Grozny et quelques associations LGBT du pays. Il s'agit véritablement d'un génocide institutionnalisé. Le porte-parole du président tchétchène Ramzane Kadyrov a réagi à ces informations en qualifiant l’article « d’absolument mensonger » tout en appuyant son argumentaire sur une homophobie latente, allant jusqu'à nier l’existence de l’homosexualité en Tchétchénie : « On ne peut pas détenir ou persécuter quelqu'un qui n’existe tout simplement pas dans la république » a-t-il déclaré à Russia Today, avant d’ajouter « les hommes en Tchétchénie ont un mode de vie sain, ils font du sport, et n’ont qu’une seule orientation sexuelle.

»

L’argument est digne d’un Donald Trump : pas de gays en Tchétchénie, donc pas de massacre possible. Mais la défense de l’Etat tchétchène ne s’arrête pas là, en effet le porte-parole de la présidence a tenu à ajouter que « s’il y avait de telles personnes en Tchétchénie, les forces de l’ordre les auraient déjà envoyées dans des endroits ou personne ne revient ».

Il est évident que les autorités tchétchènes ne montrent que peu de motivation à mettre un terme à cette purge. C’est même l’inverse qui se produit actuellement. Dernièrement le site Pink News a rapporté que la police tchétchène avait demandé aux parents de tuer leurs enfants gays pour « l’honneur ». En vérité, les différents témoignages recueillis depuis mars font penser aux heures les plus sombres de notre histoire : Camps de concentration, emprisonnement sans procès, actes de tortures, viols, exécutions arbitraires… La Tchétchénie est bel et bien entrain de mener un génocide homosexuel à l’échelle nationale.

La chaîne France 24 a pu rencontrer quelques rescapés de la purge, tous les entretiens et témoignages sont disponibles sur leur chaîne Youtube dont voici un extrait :

Plus grave encore ; d’après Sir Alan Duncan, député britannique, le leader tchétchène Kadyrov veut aller plus loin et éliminer entièrement les homosexuels avant la fin mai.

Car il est important de noter que ces purges, massacres et exactions ne sont pas le fait de milices ou d’extrémistes, c’est bien la police et l'armée qui traquent les homosexuels sur ordre du président tchétchène.

Kadyrov, psychopathe préféré de Poutine ?

L’instigateur de cette politique d’épuration des gays n’est autre que le tout-puissant leader Ramzane Kadyrov. Propulsé à la tête de l’État tchétchène en 2007 par Vladimir Poutine, il est depuis le chien de garde zélé du Kremlin dans le Caucase. Depuis, il est considéré comme un véritable dictateur bénéficiant d’un droit de vie ou de mort sur ses sujets. Selon l’hebdomadaire l’Express, le président Kadyrov est appuyé dans sa tâche par le FSB, le service de renseignements russe. Soupçonné d’être impliqué dans l’assassinat de la militante des droits de l’homme Natalia Estemirova et de l’opposant politique russe Boris Nemtsov, Kadyrov ne se fatigue guère à répondre aux accusations, préférant soigner son image sur Instagram ou il compte près de 50.000 abonnés.

De son côté, Vladimir Poutine, « père spirituel » de Kadyrov, a fini par réagir à la situation en Tchétchénie après s’être fait interpeller sur le sujet par Angela Merkel. Ainsi, le président russe a promis à Tatiana Moskalkova (déléguée aux droits de l’homme auprès du Kremlin) de discuter avec le procureur général et le pouvoir tchétchène de la situation des homosexuels dans le Caucase du Nord, ou pour reprendre ses mots « des personnes d’orientation sexuelle non traditionnelle ».

Vous aussi agissez contre la purge des homosexuels tchétchènes avec le hashtag TchétchénieUrgence