Au bas d’une petite colline, plusieurs habitants de Yaoundé sont regroupés des deux côtés de la chaussée. Bon nombre d’entre eux vend des fruits de saison, au milieu d’un enchevêtrement d’ordures ménagers. C’est le marché Essos. On le reconnait par le bruissement des commerçants et le trop plein de parasols à l’entrée. Quelques commerçants viennent verser de façon permanente des ordures au bord de la chaussée. Sur le trottoir, les emballages plastiques empêchent les piétons de marcher normalement. « Ils sont obligés de lutter avec les taxis sur la chaussée » lance ironiquement un conducteur de moto-taxi assis sur son engin.

La route est sur le point de se couper.

Sur la chaussée, une file interminable de véhicules avance à pas de tortue. Les deux rangs qu’ils forment se resserrent au fur et à mesure qu’ils avancent. La cause principale est une buse qui menace céder sous la pression des eaux usées et les ordures de toutes sortes. Les véhicules qui montent sont obligés de laisser place aux autres qui descendent la petite colline de Mimboman- Terminus. Sur place, le brouhaha se fait plus assourdissant. Le son des clacksons est encore plus perçant et désordonné. La tension se lit sur le visage des automobilistes. Les conducteurs de taxi sortent la tête par la portière pour se lancer des invectives. « Ici les bagarres éclatent en pleine chaussée tout le temps.

La situation devient encore plus compliquée quand deux véhicules se croisent en s’astiquant. En ce moment-là, la circulation s’arrête complètement » témoigne un brouettier. La route s’allonge et la circulation demeure au ralenti. Cette fois, les automobilistes ont pour mission d’esquiver les nids de poule. A une centaine de mettre du marché, nous sommes à un point d’eau.

Une petite foule est massée aux abords d’une source d’eau exploitée à l’aide d’un tuyau adapté. L’insalubrité ambiante ne semble pas gêner des jeunes garçons qui jouent torses nues dans les flots.

Délabrement du quartier commercial de Yaoundé : Les édifices publiques souffrent de cette situation

En face de la source s’éleve un grand temple.

C’est celui d’une paroisse de l’Eglise Evangélique du Cameroun (EEC). Un gardien des lieux tiens à nous montrer une grosse flaque d’eau qui longe une partie de l’entrée de l’édifice. « Quand il pleut, la situation devient difficile. On ne parvient pas à traverser la route à cause de la boue. Les fidèles sont obligés de contourner les grands nids de poules » nous explique-t-il. A Essos, les habitants sont tellement habitués qu’ils cessent de se plaindre.