59 morts et au moins 525 blessés : c'est le terrible bilan de la fusillade qui a eu lieu hier à Las Vegas. C'est l'attaque la plus meurtrière de l'histoire des Etats-Unis surpassant déjà le triste record détenu par la fusillade d'Orlando et ses 49 morts.
Il est 22h08, heure locale. Plusieurs dizaines de milliers de personnes assistent au Route 91 Harvest, un festival de musique en plein air. L'ambiance est festive. Le concert du chanteur Jason Aldean bat son plein quand le drame se produit. Une première série de coups de feu se fait entendre suivie d'une incompréhension générale.
Les premiers cris et une seconde rafale de tirs déclenchent la panique. Survivre est alors le maître-mot pour les milliers de spectateurs. Pendant ce temps, au trente-deuxième étage du Mandalay Bay Resort & Casino, Stephen Paddock, 64 ans, est peut-être déjà mort. Selon le FBI, il se serait donner la mort avant l'arrivée des autorités. Dans sa chambre, la police trouvera pas moins de 23 armes semi-automatiques, un arsenal impressionnant à l'origine de cette attaque sanglante.
Comment qualifier cette attaque ? N'ayons pas peur des mots : c'est une attaque terroriste. Que Stephen Paddock ait agi seul ou au sein d'une organisation terroriste, le but de son acte est sans équivoque : créer la peur, susciter un sentiment d'insécurité au sein du peuple américain.
L'organisation Etat Islamique revendique l'attaque : vérité ou coup de bluff ?
Quelques heures après la fusillade, l'EI, via son organe de propagande Amaq, revendique l'attaque. Selon elle, l'auteur se serait converti à l'Islam plusieurs mois auparavant faisant alors de lui « un soldat » de Daech. De son côté, le FBI réfute cette affirmation.
Stephen Paddock serait, selon l'agence fédérale, un « loup solitaire » sans lien avec une quelconque organisation terroriste. Qui dit vrai ? Cette revendication pourrait, en fait, faire partie d'une stratégie de l'Etat Islamique à revendiquer des actes qu'il n'a, en réalité, ni réalisés ni ordonnés. Le but premier serait alors de maintenir la peur et le climat de tension qu'il provoque sur la scène internationale.
Wassim Nasr, journaliste à France 24, confirme cette hypothèse comme étant le dessein de Daech de provoquer les actes arbitraires de personnes sans lien avec l'organisation mais inspirés par son idéologie.
Un "gun control" nécessaire : le débat sur le port d'armes est relancé
Instauré par le Deuxième amendement de la Constitution américaine, le droit de possession et de port d'armes à feu est ancré dans les moeurs et les normes étasuniennes. Avec 85 armes pour 100 habitants, les Etats-Unis est le pays occidental où circule le plus grand nombre d'armes à feu : 270 millions. Si Donald Trump affirmait, après les attentats de Charlie Hebdo et du 13 novembre, que la restriction française sur le port d'armes avait contribué à de telles attaques, l'ampleur des tueries d'Orlando ou de Las Vegas semble discréditer son point de vue.
Ce laxisme est particulièrement marquant dans les Etats les plus permissifs comme le Nevada, où se situe Las Vegas.
Les Démocrates ont immédiatement relancé le débat sur le port d'armes, dénonçant la politique permissive de Donald Trump, qui avait d'ailleurs été soutenu lors de sa campagne par la National Rifle Association (NRA), le principal lobby pro-gun outre-atlantique. Le timing est, de plus, particulièrement mauvais pour le président américain : deux propositions de lois doivent être présentées dans quelques jours devant la Chambre des représentants dont une qui faciliterait l'achat de silencieux. « La foule a fui au bruit des coups de feu. Imaginez le nombre de morts si le tireur avait eu un silencieux.
» a souligné Hillary Clinton sur Twitter.
The crowd fled at the sound of gunshots.
— Hillary Clinton (@HillaryClinton) 2 octobre 2017
Imagine the deaths if the shooter had a silencer, which the NRA wants to make easier to get.