Alors qu'il recevait vendredi Recep Tayyip Erdogan, Emmanuel Macron a évoqué l'impossibilité présente pour la Turquie de rejoindre l'Union Européenne. Un aveu qui tranche avec l'hypocrisie de la classe politique européenne sur ce dossier.
Premier véritable entretien entre les deux Chefs d'État, la rencontre entre Macron et Erdogan aura donné lieu à de sérieuses discussions sur un certain nombre de sujets qui préoccupent la France et son partenaire turc.
Bien sûr, l'interminable dossier d'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne s'est invité dans les débats.
Ankara tente en effet depuis 1963 d'intégrer le projet de l'Europe politique. Un processus lent qui s'est brusquement arrêté il y a un an et demi. En filigrane, c'est le durcissement du régime turc après le putsch manqué de juillet 2016 qui en est la cause. Les purges dans la fonction publique, la fermeture de nombreuses chaînes d'informations et le renforcement du pouvoir présidentiel ont fait craindre à l'UE le retour à un État autoritaire.
Turquie: Passer de "l'adhésion" au "partenariat"
Lors de leur conférence commune, le président Macron n'a pas manqué de souligner qu'il valait mieux tomber le masque sur la situation du dossier turc en Europe. Et selon le Chef d'État français, l'adhésion au sein de l'UE n'est à l'heure actuelle plus envisageable. En effet, de nombreux points bloquants quant à la réalité démocratique du régime d'Ankara ont rendu impossible toute avancée naturelle du processus d'intégration.
Mais, l'importance que revêt la Turquie du fait de ses positions géostratégiques, Emmanuel Macron la connaît trop bien pour envisager de tourner le dos à Ankara. Le président français a donc émis l'idée d'un "partenariat" entre l'UE et la Turquie. Une alternative qui permettrait ainsi à l'Europe de profiter du soutien turc sans toutefois consentir à un mariage qui affaiblirait les bases d'un système qui peine déjà à s'affirmer auprès de ses membres.
La fatigue de la Turquie vis-à-vis de l'UE
Pour Recep Tayyip Erdogan, le mépris de l'Europe vis-à-vis de la Turquie pourrait bientôt trouver une réponse de la part d'Ankara. Le président turc a rappelé son désarroi de ne pas comprendre pourquoi depuis des années son pays était tenu à l'écart dans l'antichambre de l'UE. Une situation qui de son avis fatigue de plus en plus le peuple turc.
Ce faisant, le Chef d'État turc laisse entendre qu'il pourrait durcir le ton lors de négociations portant sur des sujets qui divisent l'Europe, comme la crise migratoire. Une situation pour le moins sensible qu'Emmanuel Macron aimerait au mieux éviter.