Le vendredi 5 janvier 2018, Emmanuel Macron recevait le président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, en fonction depuis le 28 août 2014 et représentant de l'AKP : le Parti de la justice et du développement, parti islamo-conservateur, fondé en 2001 et à la tête du pays depuis 2002.
La Turquie dans l'UE ?
Tout d'abord, c'est la question de l'intégration de la Turquie dans l'Union Européenne qui a été posée. En effet, celle-ci est candidate depuis 1987 mais reconnue en tant que telle seulement depuis 1999. Bien que le représentant de la République de Turquie ait toujours rejeté l'idée d'entrer dans l'UE, il a affirmé tout le contraire hier et a annoncé en jouant, semble-t-il, la carte de la provocation que la Turquie ne peut pas "en permanence implorer une entrée dans l'Union Européenne".
Le président Emmanuel Macron n'a cependant pas cédé et a répondu, en tout bien tout honneur, que la question d'adhésion de la Turquie dans l'UE n'était plus d'actualité. En effet, en juillet 2016, une tentative de coup d'Etat avait éclaté, faisant près de 300 morts. Depuis, les principaux dirigeants de l'UE ont un avis majoritairement défavorable à l'entrée totale de la Turquie dans cette association politico-économique.
Les droits de l'Homme
Les deux hommes politiques se sont présentés à la conférence de presse le visage fermé, et l'atmosphère s'est montrée des plus tendues lorsque le sujet de "l'état de droit" - c'est ainsi qu'Emmanuel Macron l'a qualifié - a été abordé par les deux présidents.
Le ton est monté, Erdogan s'est agacé et a même qualifié un journaliste de "membre du Feto" (le parti adversaire de l'AKP). Le président Emmanuel Macron, quant à lui, s'est proclamé grand défenseur de la liberté d'expression et a affirmé qu'elle "ne se divise pas". La Turquie a annoncé le soir-même de la rencontre une réunion des ministres des Affaires étrangères qui aura visiblement lieu en février.
De plus en plus éloigné de la scène internationale, Erdogan a été un choix stratégique pour discuter des sujets sensibles qui seront d'actualité en cette année 2018. En effet, le but (pour l'un comme pour l'autre) était de se faire un allié et de réussir à passer outre les tensions qui étaient palpables depuis 2016. Cependant, cela ne semble pas être un pari réussi... Cette rencontre était la première de l'année 2018, qui semble commencer sur les chapeaux de roues pour Emmanuel Macron.