Trente-neuf femmes et filles nigérianes, victimes de la traite vers l'Espagne où elles devaient faire de la prostitution, ont été sauvées lors d’une opération de la police espagnole. Ces femmes ont été emmenées de force en Espagne après avoir subi des rituels magiques appelles "Juju". Selon l'Agence nationale de la criminalité, l'opération qui a conduit à la libération de ces femmes a eu lieu ce jeudi 22 mars. La bande nigériane impliquée dans le trafic était connue sous le nom de Confrérie Eiye.

La police espagnole a commencé à enquêter sur le réseau, qui avait des membres en Grande-Bretagne, après qu'une victime se soit échappée de leurs griffes.

Cette victime avait alors donné des détails sur la façon dont ils opéraient dans des maisons troglodytes dans un coin reculé d'Espagne.

En Espagne via la Libye

Au total, 39 femmes et filles nigérianes, dont la plupart sont adolescentes, ont été secourues par les autorités mais on craint que d'autres ne soient mortes pendant le voyage vers Espagne, effectués par bateau via la Libye et l'Italie. Les victimes ont subi des rituels de magie noire, connus sous le nom de Juju au Nigeria, pour les contraindre à obéir aux ordres des dirigeants du gang. Une fois en Espagne, elles ont été contraintes de vivre dans des conditions insalubres, et ont été vendues par des chefs de la Confrérie Eiye.

Le système Hawala utilisé pour blanchir de l'argent

L'argent a été blanchi grâce au système Hawala, qui est de plus en plus populaire auprès des gangs de crime organisés. Ces gangs utilisent cette méthode pour éviter de passer par les banques officielles.

La Guardia Civil espagnole a dirigé l'opération mais a été soutenue par la National Crime Agency en Grande-Bretagne et par l'Agence nationale pour l'interdiction de la traite des personnes (NAPTIP) du Nigeria.

Quatre-vingt-neuf personnes, dont le chef présumé de la confrérie Eiye, ont été arrêtées parce qu'elles étaient soupçonnées d'association avec des organisations criminelles, d'esclavage moderne et de blanchiment d'argent. Une Nigériane arrêtée à Manchester attend d'être extradée en Espagne où elle sera jugée. Elle aurait contrôlé certaines des victimes et versé de l'argent au dirigeant de la confrérie Eiye au Nigeria.

La Confraternité Suprême Eiye est considérée comme une société secrète originellement formée en 1965 dans la ville d'Ibadan au nord du Nigeria. Le « Juju » - une forme de vaudou - est un rituel de magie noire largement considéré comme une force puissante au Nigeria et dans d'autres pays d'Afrique. Il avait un lien avec le meurtre d'un garçon nigérian à Londres en 2001, lorsque le torse de ce dernier a été découvert dans la Tamise à Londres. L'enfant, qui a été surnommé Adam par la police, n'a jamais été officiellement identifié, mais on pense qu'il avait été sacrifié dans le cadre d'un rituel Juju.

En 2011, Anthony Harrison, 32 ans, a été emprisonné pour trafic de deux filles nigérianes qui avaient subi des rituels de Juju.

Harrison avait gardé les filles captives - âgées de 14 et 16 ans - dans sa maison de Londres avant d'essayer de les vendre en Espagne et en Grèce en tant que prostituées. Les filles venaient de villages d'Edo, au Nigeria.