Après 18 ans de règne, Poutine s’offre 6 années de plus. Sauf incident biologique ou coup d’État, Poutine va rester à la tête de l’État russe aussi longtemps que possible. Les opposants traditionnels, comme Navalny, ont été empêchés de se présenter à l’élection présidentielle. L’Elysée rapporte que Macron a demandé au Président russe de s’expliquer sur l’assassinat politique de l’espion russe en Grande Bretagne. Il a réaffirmé sa volonté d’établir une coopération avec la Russie, tout en restant exigeant vis à vis de Poutine. Le communiqué de Macron est fondé sur le « en même temps »: Poutine est un interlocuteur mais il doit répondre de ses actes.

Ce type de diplomatie laconique rappelle un peu Hollande et laisse néanmoins un espace de liberté à Macron pour discuter avec Poutine du Proche-Orient (Syrie).

Assez paradoxalement Poutine n’écoute pas Macron, il fait ce qu’il veut en Crimée (annexion), en Ukraine et en Syrie (soutien à Bachar). On est en train, progressivement, de se réinstaller dans une guerre froide d’un nouveau type dans laquelle la parole prend le pas sur les armes. Pour Poutine, la diplomatie internationale doit tenir compte du sentiment national et les russes, depuis son avènement, se sentent forts et respectés au niveau international, alors qu’au niveau intérieur les inégalités augmentent. Poutine valorise la fibre nationale en essayant d’affaiblir l’Union Européenne grâce à son soutien de manière feutrée au mouvement nationaliste dans les différents pays de l’Union européenne.

Poutine est pour son peuple, celui qui a su redonner sa fierté délaissée depuis l’avènement de Eltsine aux affaires.

Pourquoi Poutine est d’accord avec les mouvements populistes d’Europe

La victoire des mouvements populistes dans l’UE, en Italie, en Autriche, les gouvernances extrémistes en Pologne et en Hongrie, constituent pour Poutine du pain béni pour sa stratégie d’affaiblissement de l’UE et de l’OTAN.

Poutine a annexé la Crimée sans que les gouvernements de l’Europe occidentale réagissent de façon énergique. Ces gouvernements, par la force des choses, n’avaient les moyens ni militaires, ni politiques et encore moins diplomatiques pour contraindre Poutine à baisser la garde. Les Occidentaux ont beau hausser le ton contre Poutine, celui-ci continue son chemin en se voulant rassurant vis à vis de ses interlocuteurs occidentaux.

Dans l’affaire du double espion, la première Ministre, Theresa May a réussi par une déclaration à convaincre l’Allemagne, la France et les Etats-Unis de réagir ensemble contre l’attaque odieuse visant l’ex espion Sergueï Skripal et sa fille le 4 mars à Salisbury dans le sud de l’Angleterre.

La Grande Bretagne a procédé à l’expulsion de 23 diplomates russes en poste en Grande Bretagne. Le retour de boomerang poutinien ne s’est pas fait attendre: Poutine décide d’en faire autant et, en allant plus loin, il a ordonné la fermeture du British council. Fort de sa victoire à l’élection présidentielle du 18 mars, Poutine continue de défier les puissances occidentales, malgré leurs déclarations sur sa responsabilité en Syrie.

Poutine se délecte en pointant du doigt les responsabilités des puissances occidentales avec leurs interventions en Libye et en Irak. De façon subtile, il a réussi à mobiliser les Russes sur son nom contre l'Occident. Les Occidentaux n’ont pas compris que Poutine est un pragmatique qui modifie les événements à son avantage. Il utilise habilement l’image négative que l’Occident a de lui pour convaincre son opinion publique de la nécessité d’une Russie forte. Malgré les dissensions entre la Russie et l'Occident, le business continue.

La question sociale, une épine dans le pied de Poutine

Poutine superstar au niveau politique et diplomatique, il se doit de résoudre la question sociale, de réduire les inégalités et de lutter contre la pauvreté, l’inflation et la baisse des dépenses.

Poutine reste fort sur le plan international, la remarque est discutable au plan social. L’économie russe est confrontée à des réformes structurelles qui tardent à venir. L’augmentation du pouvoir d’achat pose problème. La diversification économique se fait attendre et il y a une impatience forte auprès de l’électorat russe (fonctionnaires, militaires, ouvriers et une partie de la jeunesse) qui traditionnellement vote pour Poutine. Il y a une impatience au sein de la population russe qui n’accepte plus les inégalités sociales fortes. Poutine le sait, il se veut rassurant mais saura-t-il répondre à cette impatience d’ici à 2024 ? A cette date là, il ne se représentera plus. A moins qu’il le fasse en modifiant la constitution pour la première fois après son avènement à la tête de l’État russe depuis les années 2000 ?