Près de 200 eurodéputés ont annoncé dans une déclaration conjointe apporter leur soutien en faveur des revendications légitimes des manifestants iraniens et condamné la répression brutale des revendications populaires pour un changement démocratique.
Les signataires qui représentent tous les horizons politiques au sein du Parlement européen et comprennent notamment plusieurs vice-présidents et responsables des commissions et de délégations parlementaires, ont rendu publique leur déclaration lundi à Bruxelles et lancé un appel aux dirigeants de l’UE de revoir leur politique à l’égard de l’Iran.
Le soulèvement qui a été déclenché le 28 décembre dernier et s'est poursuivi pendant près de deux semaines, a secoué l'Iran. Les manifestations se sont propagées dans 31 provinces et plus de 140 villes, alors que le peuple iranien, en particulier la jeune génération, exprimait clairement son rejet du pouvoir fondamentaliste islamiste et son aspiration pour un changement de régime. Il est à noter que les femmes ont jouée un rôle remarquable dans ce mouvement populaire.
Le communiqué des eurodéputés a mis en cause le régime pour sa réaction d’une extrême brutalité à l’égard des manifestants pacifiques : "Des milliers de personnes ont été arrêtées, une cinquantaine de manifestants ont été tués, dont quatorze sous la torture.
La situation des droits de l'homme s'est détériorée à la suite des récentes manifestations et l'Iran continue de détenir le palmarès des exécutions par habitant dans le monde. »
Plusieurs hauts responsables du régime ont pointé du doigt le rôle de l'OMPI, principal mouvement d'opposition iranien, dans les récentes manifestations.
Le 2 janvier, Hassan Rohani, le président du régime iranien, a appelé son homologue français, Emmanuel Macron, pour lui demander de sévir contre le mouvement d’opposition iranien basé à Paris, l’accusant d'avoir fomenté les récentes manifestations. Le 9 janvier, l'ayatollah Ali Khamenei, le Guide suprême des mollahs, a pour sa part dénoncé l'OMPI pour son rôle dans le soulèvement et a implicitement menacé d'exécuter les manifestants.
L’Union européenne doit agir
"Nous condamnons l'usage de la force contre les manifestants sans défense et appelons l'UE et les gouvernements européens à adopter des mesures efficaces et des décisions contraignantes pour forcer le régime à libérer les prisonniers politiques et manifestants emprisonnés".
Par ailleurs, les eurodéputés se sont dits "troublés par la campagne de désinformation menée par le régime iranien contre les exilés politiques. Téhéran ne doit pas être autorisé à étendre sa politique de répression et d’intimidation à l'Europe contre les dissidents et les réfugiés politiques, qui doivent pouvoir sensibiliser l’opinion publique sur la situation des droits de l'homme et des droits des femmes dans leur pays".
Gérard Deprez, président des "Amis d'un Iran libre" au Parlement européen, a présenté la déclaration des eurodéputés aux journalistes.
Il a critiqué la politique actuelle de l'UE concernant l'Iran et a rappelé que pour les eurodéputés, "les droits de l'homme ne peuvent pas être compromiss ou marginalisés sous prétexte de considérations politiques, commerciales ou d'accords nucléaires. Tout élargissement des relations politiques et économiques avec Téhéran doit être subordonné à des progrès tangibles en matière des droits de l'homme, de la situation des femmes et l'arrêt des exécutions arbitraires".