A l’occasion du 39e anniversaire de la révolution antimonarchiste de 1979 en Iran, une réunion spéciale s'est tenue le mercredi 7 février au Parlement européen à Strasbourg. Des dizaines d'eurodéputés de différents groupes politiques y ont pris part et ont évoqué les manifestations populaires qui ont secoué l'Iran en janvier.

Selon un communiqué des eurodéputés, « Le peuple iranien, en particulier la jeunesse, a clairement déclaré qu'elle en avait assez du régime fondamentaliste islamique et qu'elle voulait changer de régime ». La réunion était présidée par Gérard Deprez (ALDE) et Tunne Kelam (PPE).

La réaction du régime des mollahs a été violente, avec 8 000 arrestations et au moins 12 personnes mortes sous la torture. Des dizaines de personnes ont été tuées par balles et le chef de l'Organisation des prisons iraniennes a confirmé l'arrestation de 5 000 manifestants.

Les eurodéputés ont estimé que l'Union européenne doit agir plus efficacement. « Le silence de la Haute Représentante de l'UE, Federica Mogherini, et d'autres responsables de l'UE est inadmissible. Les Iraniens attendent de l'Europe qu'elle prenne leur parti », a déclaré le communiqué.

Les 1er et 2 février, l'Iran a été témoin d'une nouvelle série de manifestations. Le ministre iranien de l'Intérieur a déclaré qu’environ 150 manifestations ont lieu chaque jour dans le pays.

Dans de nombreuses villes, il y a eu des manifestations antigouvernementales avec des heurts entre les forces répressives du régime et les manifestants.

Iran: l’appel des opposants

De nombreux hauts dirigeants et responsables du régime appartenant à ses différentes factions ont pointé du doigt le rôle du principal mouvement d’opposition, l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d'Iran dans le soulèvement.

Lorsque les premières manifestations ont commencé à Machhad le 28 décembre, le représentant du Guide Suprême a déclaré que la population était descendue dans la rue suite à un appel lancé par l'OMPI « dont le leader est une femme ».

Selon l'Agence France Presse, le 2 janvier, Rohani a appelé le Président Macron et lui a demandé de prendre des mesures contre une opposition iranienne basée à Paris, qu'il a accusé de fomenter les récentes manifestations...

Le 9 janvier, l'Ayatollah Ali Khamenei, le Guide Suprême des mollahs, a déclaré que l'OMPI avait organisé le soulèvement et il a menacé d'exécuter les manifestants.

Considérant les violations flagrantes des droits de l'homme en Iran et la menace imminente qui pèse sur la vie des détenus, les eurodéputés ont exprimé leur soutien à la récente déclaration de Maryam Radjavi, présidente élue du CNRI, au Conseil de l'Europe le 24 janvier 2018.

Elle a demandé à l'UE, aux gouvernements européens et aux autres institutions internationales d'adopter des mesures efficaces et des décisions contraignantes pour obliger la dictature religieuse au pouvoir en Iran à libérer les prisonniers du soulèvement, à respecter la liberté d'expression et d'association, à mettre fin à la répression contre les femmes et à abroger les lois imposant le port de voile obligatoire.

Conditionner les relations avec l’Iran

L'économie est en crise. Le chômage et le coût de la vie sans précédent sont particulièrement préoccupants. La valeur de la monnaie officielle a chuté de plus de 15 pourcent au cours du dernier mois. Le régime utilise la manne pétrolière pour financer la répression à l’intérieur et pour soutenir le dictateur Bachar Assad en Syrie et ses forces supplétives et des mouvements terroristes au Liban, Yémen, Irak et Afghanistan.

Les eurodéputés ont insisté pour que l'UE s'abstienne de traiter avec les entreprises affiliées aux pasdaran et à d'autres agences répressives. Le régime des mollahs doit être averti du fait que l'Europe pourrait imposer de nouvelles sanctions en matière de droits de l'homme.

Pour eux, « les droits de l'homme en Iran ne peuvent être compromis ou marginalisés sous prétexte de considérations politiques ou d'un accord nucléaire. Tout développement de relations politiques et économiques avec l'Iran doit être subordonné à la libération des prisonniers et à l'arrêt des exécutions ».