Des manifestations à l'échelle nationale devraient avoir lieu en Iran, ce jeudi 26 décembre, quarante jours après le début de le répression contre les manifestants le 15 novembre dernier. Selon les traditions religieuses chiites impliquant la commémoration des morts quarante jours après leur disparition.

En fait, un précédent historique remontant aux derniers mois du régime du Shah d’Iran hante les mollahs, lorsque de grandes manifestations contre la monarchie se répétaient tous les quarante jours, conduisant au démantèlement total du régime. A chaque manifestation des nouveaux morts qui provoquaient des célébrations quarante jours après.

Les rues des villes iraniennes se sont enflammées le 15 novembre à la suite de l’augmentation du prix du carburant qui a triplé sur décision du gouvernement. Les manifestants ont rapidement changé de slogans réclamant un changement de régime. À la suite de l'ingérence directe du guide suprême Ali Khamenei, les forces répressives ont tiré directement sur les protestataires. Dans des endroits comme la ville de Mahchahr, au sud-ouest du pays, elles ont même utilisé des véhicules blindés de transport de troupes et des mitrailleuses lourdes pour écraser le soulèvement.

Le terrible chiffre de 1500 tués avancé par Reuters

Le 15 décembre, le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) a annoncé que plus de 1500 personnes auraient été tuées lors du soulèvement qui a commencé le 15 novembre en Iran.

L’Organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran (OMPI) a été la principale source fournissant des chiffres précis concernant le nombre des victimes, le dernier chiffre s'élevant à 1500 tués et plusieurs milliers de blessés. Selon l’OMPI, plus de 12000 manifestants sont toujours détenus à ce jour.

Malgré la confirmation des chiffres par le représentant spécial américain pour l'Iran, Brian Hook, qui a confirmé que plus d'un millier de personnes auraient péri dans la répression sanglante, d'autres sources, notamment des groupes de défense des droits de l'Homme, sont restées prudentes.

Amnesty International a confirmé que 304 personnes ont été tuées, mais précisant que le nombre réel de victimes est bien plus élevé. A ce jour, l’OMPI a pu identifier 601 noms et pas moins de 200 photos des personnes tuées.

Le 23 décembre, dans une longue dépêche, l’agence Reuter a confirmé, de la part des sources proches du guide suprême du régime, Ali Khamenei, que 1500 personnes avaient été tuées lors de la répression brutale des manifestations publiques, sur ordre direct de Khamenei. L'agence n'a cependant pas mentionné que le chiffre avait été annoncé, huit jours plus tôt, par l’OMPI.

Mais les journaux officiels du régime iranien ont fait le rapprochement. Plus d'une centaine de médias officiels se plaignent du fait que Reuters confirme le chiffre avancé par l’OMPI, prétendant que l’agence a été sourcée par l’OMPI.

L’OMPI, la force la plus efficace en Iran

"Ce n'est pas sans raison suffisante que l’OMPI prétend être la force la plus efficace en Iran pour diriger et organiser des manifestations de rue contre le régime", a déclaré Hamid Baidi-Nejad, ambassadeur iranien au Royaume-Uni, à l'agence de presse officielle IRNA. L'agence de presse Fars, appartenant aux gardiens de la révolution, a qualifié l'article de Reuter de "fake news annoncée pour la première fois par l’OMPI sur le nombre de victimes des émeutes de novembre".

En réalité Reuters s’est informée auprès des sources au sein du régime qui ont sans le vouloir confirmé l’exactitude des chiffres annoncés par l’OMPI, reconnaissant ainsi la fiabilité des informations publiées par cette organisation.

Dans sa dépêche, Reuters a écrit : « Environ 1500 personnes ont été tuées pendant moins de deux semaines de troubles qui ont commencé le 15 novembre. Le bilan, fourni à Reuters par trois responsables du ministère iranien de l'Intérieur, comprenait au moins 17 adolescents et environ 400 femmes, ainsi que certains membres des forces de sécurité et de la police ».

Mais l'agence de presse Daneshjoo semblait plus inquiète, rappelant que « nous vivons à une époque où les informations peuvent amener les régimes au bord de l’effondrement ». Le régime est en état d’alerte à partir du 26 décembre.