De retour de Tunisie, le chef de l’État français est arrivé jeudi 1er février dans la nuit à Dakar. Pendant 3 jours, un agenda chargé attendait Emmanuel Macron, et Macky Sall. L’aide internationale à l’éducation et à la lutte contre l’érosion côtière, mais aussi à la sécurité régionale ont constitué la teneur des sujets abordés en priorité.

Force conjointe du G5 Sahel et mobilité simplifiée

Le vendredi matin s’est vu consacrer à la Force conjointe du G5 Sahel. Le projet de nouvelle génération a pris corps en février 2017, le fruit de la coopération de cinq pays (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) figure comme un modèle d’initiative africaine.

Il vise au règlement des conflits armés sahéliens, au même moment que la République du Sénégal a prouvé sa coordination en déployant une force de réaction rapide composée de Casques bleus sénégalais contre les terroristes dans le centre du Mali. La force du G5 Sahel vient d’achever sa deuxième opération, « Pagnali » lancée en date du 15 janvier, 80 militaires de la force française Barkhane ont appuyé l’intervention. Avec le Sénégal, La France veut mettre en place des visas de circulation de longue durée. Un document permettrait aux étudiants, aux hommes, et femmes d’affaires de naviguer plus librement entre les deux pays, de promouvoir les échanges et d’accélérer la progression économique du Sénégal.

25 000 ressortissants français vivent et travaillent au Sénégal au sein d’organisations non gouvernementales et des entreprises.

Les deux présidents ont visité un établissement scolaire de Dakar rénové avec le fond de l’Agence française de développement. Depuis 2013, l’agence a construit et équipé 8 collèges et en a réhabilité 9 dans les académies de la région de Dakar, particulièrement sous tension démographique.

La conférence du Partenariat mondial pour l’éducation

La troisième conférence de financement du Partenariat mondial pour l’éducation (PME) s’est trouvée dirigée conjointement avec le président sénégalais Macky Sall au Centre international de conférences Abdou Diouf. Rihanna, la chanteuse barbadienne est venue apporter son soutien ainsi que des chefs d’État africain, les chefs d’état nigérien, Mahamadou Issoufou, Burkinabé, Roch Kaboré, Centrafricain, Faustin Touadéra, et bien sûr, des donateurs internationaux.

L’objectif de l’assemblée consiste à lever quelque 3 milliards de dollars sur la période 2018-2020. Une somme insuffisante, mais essentielle va venir soulager et épauler plus de 60 pays en développement. Ces fonds vont leur donner les moyens de mettre en place un système éducatif, de former des enseignants et de scolariser les enfants (264 millions n’y ont pas accès).

La France a décidé de verser 200 millions d’euros, ce qui l’élève à la quatrième place des pays donateur du fond derrière le Royaume-Uni, l’Union européenne et la Norvège.

Emmanuel Macron a demandé que l’aide soit particulièrement consacrée à l’éducation des filles.

La visite officielle du président français a également présenté une circonstance opportune pour signer plusieurs contrats, dont la vente de deux Airbus à la compagnie Air Sénégal.

Une incursion sur un chantier exploité par des entreprises françaises a donné l’occasion au président de saluer qui les équipes qui participent à la construction du futur train express régional de Dakar.

Son épouse Brigitte découvrait l’île de Gorée. Un des tout premiers endroits inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’ONU incarne un lieu de mémoire de la traite négrière au large de la baie Dakar où elle a visité un internat d’excellence de jeunes filles.

L’érosion côtière de Saint-Louis

Dans la première ville fondée par les Européens au 17e siècle en Afrique occidentale, des dizaines de milliers d’habitants se sont déplacés, toute une communauté de pêcheurs attendait le président français et son épouse pour la dernière étape de leur visite officielle.

Chacun à sa façon fêtait son arrivée, avec des chants de bienvenue, des banderoles et des drapeaux français et sénégalais. Tous savaient qu’il répondait présent pour honorer la promesse faite au maire de la « Venise africaine ». Mansour Faye avait interpellé le président français sur le sort de sa ville lors du Sommet One Planet du 12 décembre à Paris. Emmanuel Macron n’est pas venu les mains vides, il a annoncé une aide de 15 millions d’euros pour lutter contre les effets du réchauffement de la planète. Somme à laquelle, Jim Yong Kim, le président de la Banque Mondiale ajoute 24 millions d’euros pour reloger les premiers déplacés climatiques sénégalais.

La montée des eaux a déraciné déjà 200 familles de Saint-Louis.

Les deux présidents se sont rendus sur la langue de Barbarie, une étroite bande de sable dévorée par l’avancée de l’océan qui sépare le fleuve Sénégal de l’Atlantique où vivent plus de 25 000 personnes. Le groupe français Eiffage va s’atteler à la construction d’une digue de rochers, 3,5 kilomètres tout le long de la partie sud de la langue de Barbarie. La réalisation ralentira la montée du niveau de l’océan, atténuera l’effet des vagues et donnera un peu de répit aux habitants pour se reloger.

Les murs de l’ancien fort colonial se désagrègent et la statue en bronze de Faidherbe par Crauck se verra engloutie dans quelques décennies. Le chef de gouvernement français a également annoncé une aide de 25 millions d’euros pour la préservation et la rénovation du patrimoine historique.

Emmanuel Macron s’est adressé à la population devant la presse avant de reprendre l’avion pour Paris.