Une bataille s’est livrée entre les avocats d’une famille qui se déchire sous les yeux de la France entière. Depuis 1997, trois contrats de mariage se sont vu modifier, deux changements dans le régime matrimonial ont eu lieu et six testaments ont été rédigés réduisant peu à peu la part réservataire des aînés à peau de chagrin. Réponse du tribunal de grande instance de Nanterre sur le droit de regard des enfants et gel du patrimoine dans quinze jours avec de grandes chance de succès pour les plaignants.

Johnny Hallyday, un destin français

C’est en France que le chanteur percevait ses revenus, ses albums étaient produits en France.

Si vous vous souvenez de l’hommage national de Johnny Hallyday qui a réuni 50 000 personnes et 11 millions de spectateurs, le président de la République a prononcé ces mots devant l'église de la Madeleine: « Johnny était à vous, Johnny était à son public, Johnny est à la France ». C'est en France que référé se poursuit.

Les avocats de Laura, Maîtres Hervé Témime, Emmanuel Ravanas et Pierre-Olivier Sur ont ouvert le procès par une appellation qui pose Laeticia en intrus à la famille Smet : "Johnny Hallyday, c'est un destin Français".

L’avocate accuse Laeticia de ne pas assumer l’image que cette affaire renvoie d’elle-même.

Son entourage souligne la dévotion avec laquelle elle a soutenu son mari diminué par la maladie à Marnes-la-Coquette, des détails dont tout le monde aurait pu se passer.

L’avocat de la Warner rappelle que l’album leur appartient et qu’il demeurait commercialisable avant sa mort, donc il ne peut pas être qualifié posthume.

On sait tous que par le passé, Johnny enregistrait plus de titres. Sur 15 ou 17 morceaux, il en choisissait 11 ou 12 et l’album sortait dans les bacs. La SACEM a déjà gelé les droits d’auteur de 2017 en attendant la décision du tribunal.

Pour Ardavan Amir-Aslani, l’avocat de Laeticia Hallyday, qui conseillait Johnny depuis des années, la nommer "madame Boudou", c’est balayer d’un mot 23 ans de vie commune. Quand Laura se trouvait en garde à vue ou en soins à Saint-Anne, en institut psychiatrique, l’avocat de Laeticia rappelle qu’elle était présente à ces côtés.

La partie adverse invalide ces propos.

L’un de quatre trusts de Johnny Hallyday est codicille, créé dans le but de régler la succession. La procédure ne s’éteindra donc pas faute de moyens financiers, du moins pour Laeticia.

Le public pris en otage émotionnel

Les photos nous apparaissent aujourd’hui comme une comédie familiale consentie peut-être pour épargner le boss. La saga Hallyday qu’on nous vendait n’était-elle qu’un roman photo ?

Les avocats américains de la veuve ont sous-estimé le poids de l’affection que les Français avaient pour Johnny. Pour les défenseurs, le rockeur avait une carte verte, ses enfants étaient scolarisées aux États-Unis, il payait ses impôts là-bas et Johnny n’était pas un homme seul et fragilisé.

Il a consciemment décidé de tout léguer à sa dernière épouse.

La décision sera prise dans quinze jours avec de grandes chances pour que Laura et David puissent écouter l’album. Soit par la remise d’une copie par la Warner, soit par une invitation dans leurs locaux, les modalités importent peu. D’après les avocats, le tribunal jouera la prudence. Il répondra favorablement aux demandes des enfants et gèlera peut-être le patrimoine au regard de la longueur de la procédure.

Le trust s’est constitué pour maintenir le train de vie de Laeticia (qui est la bénéficiaire) et de ses filles. Mais l’argent que compte ce trust sera-t-il suffisant pour lui assurer le même niveau de vie ?

Droit français ou droit américain, dans quelques mois, une procédure débutera sur le fond. Pour Laeticia, il est hors de question de négocier avec Laura et David qu'elle rend responsables de la calomnie dont elle se pose comme victime.