Depuis quelques semaines, la guerre médiatique bat son plein entre les Etats-Unis de Donald Trump et l'Iran d'Hassan Rohani, sur fond de désaccords sur le nucléaire. Jeudi, le monde a même pu assister à une nouvelle escalade, avec le président américain qui annonçait qu'un de ses navires avait abattu un drone de Téhéran pile au-dessus du détroit d'Ormuz. Une information démentie ce vendredi par les autorités de la République islamique qui estiment au contraire que Washington aurait vraisemblablement abattu un de ses propres drones, par "erreur".

Il faut dire qu'avec les heures qui passent, l'incident est en train de se transformer en véritable imbroglio diplomatique au sein de la communauté internationale. En effet, faisant valoir comme un acte de légitime défense le fait d'avoir descendu un drone qui se rapprochait dangereusement de l'USS Boxer, les autorités américaines semblent vraiment s'être prises les pieds dans le plat. Car, pour le gouvernement iranien, les faits ne se sont absolument pas déroulés de la manière dont les dirigeants américains tentent désespérément de présenter l'affaire.

Réaction hâtive

Le ministre iranien adjoint des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, se fendait d'ailleurs d'un tweet moqueur ce vendredi, arguant que les Américains avaient abattu un de leurs propres drones.

Il a ainsi tenu à clairement démentir l'information qui a pu circuler, et selon laquelle la République islamique aurait perdu, la veille, un appareil de vol sans pilote. Même stupeur du côté des forces armées iraniennes où le général de brigade et porte-parole, Abdolfazl Shékarchi, a qualifié les allégations de Donald Trump de totalement délirantes et sans fondement.

Pour le militaire insensible à la propagande américaine, l'ensemble des drones mobilisés dans le golfe Persique et le détroit d'Ormuz, ont retrouvé le chemin de leur base, y compris celui auquel penserait le mania de l'immobilier. Celui-ci révélait pourtant avec fierté quelques heures plus tôt que le drone avait été abattu pour s'être approché à moins de 1.000 mètres de l'USS Boxer.

Des faits appuyés par la suite par le porte-parole du Pentagone, Jonathan Hoffman, qui confirmait, via un communiqué, l'incident survenu autour de 5H30 GMT.

Regain de tensions

L'affaire montre en tout cas à quel point la bataille de l'image s'est mise au devant de la scène, avec le besoin pour chaque camp d'affirmer que la vérité se trouve de son côté. A noter qu'il ne s'agit pas du premier incident faisant intervenir des navires iraniens et occidentaux dans le détroit d'Ormuz, où transite actuellement un bon tiers du pétrole mondial. Dans la lignée de ceux qui l'ont précédé ces dernières semaines, cet incident se produit sur fond de vives tensions autour de l'accord sur le nucléaire iranien dont Téhéran a décidé de s'affranchir.

Toutefois, une lueur d'accalmie pourrait être envisagée, d'après le journal britannique le Guardian qui note que le chef de la diplomatie iranienne Javad Zarif, est en pourparlers depuis jeudi à New York. Il proposerait ainsi que des inspections du programme nucléaire iranien soient menées au plus vite pour s'assurer de la coopération de Téhéran en échange d'un retrait des sanctions. Mais, encore faudra-t-il réussir à convaincre Donald Trump, qui pense que c'est la pression sur l'Iran qui permettra d'ouvrir des négociations pour un bon accord.