Heureux vainqueurs de la Coupe d'Afrique des Nations cette année et ce pour la première fois de leur histoire, les Lions de la Téranga sénégalaise ont fêté comme il se doit le retour de leurs "héros" sur leurs terres ce lundi 7 février 2022. Pour l'occasion, le président Macky Sall a rendu ce jour historique férié.

Pendant qu'il décore et honore "Les Lions", que fait l'Etat sénégalais face aux inégalités sociales?

Il existe un fossé entre les travailleurs pauvres et les privilégiés dans ce pays qui reste catégorisé comme "pays en voie de développement".

Les nombreuses disparités provoquent souvent la colère du peuple comme lorsque le chanteur américain Akon, d'origine sénégalaise a annoncé son projet de construction d'une ville futuriste (Akon City) dans le village de Mbodiène situé à 100 kilomètres de Dakar, au grand désarrois des autochtones. Ces derniers s'étaient vus forcés de plier bagage contre des indemnités dérisoires, abandonnant avec tristesse une vie riche en souvenirs.

Le pouvoir d'achat qui faiblit et le prix des denrées alimentaires basiques qui ne fait qu'augmenter fatiguent la population dont le salaire de base avoisine les 100 euros. Le Sénégal, dont l'économie repose essentiellement sur le tourisme (largement impacté par le Covid-19 comme le reste du monde) a vu un souffle de renouveau dans la victoire de l'équipe nationale de Football qui n'aura été que de courte durée puisqu'actuellement un lourd combat est mené pour obtenir une justice sociale dans un combat acharné, initié par les représentants de l'éducation nationale (ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'ils crient leur colère).

Cet épisode festif fidèle aux habitudes du peuple sénégalais n'aura donc pas suffit à faire oublier les tensions existantes dans la vie quotidienne des sénégalais.

Les enseignants révoltés réclament des mesures justes et équitables

Le peuple se sent peu écouté et peu compris par ses dirigeants à qui il reproche leurs inactions.

Connu comme étant un pays pacifiste, contrairement à bon nombre de ses voisins de l'Afrique de l'Ouest, il se révèle abonné ces dernières années à de nombreuses revendications. Celles-ci entrainent des manifestations pouvant malheureusement se terminer par des drames, comme lorsqu'en mars 2021 le pays a été secoué par l'affaire Ousmane Sonko, un opposant au pouvoir en place placé en garde à vue à la suite d'une plainte pour viol (dont les sympathisants ont dénoncé un complot).

Résultat : 14 morts.

Depuis maintenant 2 mois, les sénégalais attendent donc un minimum de considération, des actions rapides et concrètes pour les enseignants du secteur public, en grève, qui bénéficient selon eux d'un sous-traitement par rapport à leurs confrères des métiers administratifs alors que ces derniers sont majoritairement sous-qualifiés. Face à un retour quasi-inexistant de l'Etat, les élèves des écoles publiques n'ont d'autres choix que "de se faire justice eux-même"! En effet, privés de cours, ils s'infiltrent quotidiennement dans les écoles privées afin de "déloger" leurs comparses pour être logés à la même enseigne. Situation inquiétante qui dure depuis plusieurs semaines mais qui n'a pas l'air de préoccuper les autorités outre mesure.

Pendant que le gouvernement recevra les syndicats enseignants, une manifestation est organisée ce samedi 12 février à Dakar par l'Unapes (Union nationale des parents d'élèves sénégalais), une action forte pour tenter de mettre enfin un terme à cette crise.