Les codes de la politique politicienne d'aujourd'hui, qui se résume très bien ainsi : tout faire pour accéder au pouvoir et y rester, sont à chercher dans la république de Platon. Le philosophe idéaliste a fourni la clef de la tyrannie politique pour toutes les formes de totalitarisme qui ont suivi. Car la politique idéale de Platon est élitiste et méprisante envers le peuple, qu'il faut maintenir dans l'ignorance pour s'assurer le monopole de la connaissance, donc du pouvoir. Le machiavel grec n'hésitait pas à faire l'éloge du mensonge, habillé de mécanismes sophistiques et rhétoriques, outil nécessaire pour persuader le peuple d'enjoindre la tyrannie du philosophe-roi.
Notre république actuelle fonctionne selon les mêmes règles que la république platonicienne totalitaire et élitiste. Notre soi-disant démocratie opère selon ce que Michel Onfray appelle le fascisme de renard en opposition à un fascisme de lion, le fascisme des dictatures. Autrefois exercé sur les corps par la force physique, momentanément et in situ, le pouvoir s'exerce désormais sur le temps des individus sous une forme psychagogique pernicieuse ; il est ubiquitaire et indirect, ce qui le rend d'autant plus efficace. Ainsi la démocratie s'érige en dernier échelon d'un processus dialectique d'amélioration de l'efficacité de la tyrannie.
Donc la forme change, mais le fond reste le même. Nos démocraties actuelles sont des dictatures électorales qui permettent la ronde bipartite autour de la chaire du pouvoir.
Un coup toi, un coup moi, les partis partageant des connivences idéologiques sur les sujets primordiaux comme l'économie se passe le relais à tour de rôle, veillant à se chamailler autour de sujets sociétaux pour marquer une différence peu évidente. Obsédés par le pouvoir, les gouvernements qui se succèdent ne peuvent dès lors pratiquer une politique digne de ce nom et leur incompétence renforce à chaque fois leur opposition qui devient du fait même la candidate idéale pour les élections suivante.
Ce totalitarisme démocratique s'affiche clairement sur la question du vote blanc. On a récemment voulu nous faire croire à une avancée démocratique par sa reconnaissance purement comptable, selon la méthode du fascisme de renard qui emploie la ruse pour manipuler les masses. Le vote blanc de la sorte affiché avec les autres résultats sur la photo finale, mais sans aucun poids quand aux suffrages exprimés, servait une manipulation politique souhaitant nous laisser croire que nous avions les bonnes grâces d'un pouvoir soucieux de la souveraineté populaire.
Vile stratagème ! Abruti par le travail et la consommation qui l'évite de penser, de se cultiver, qui l'incite à penser par procuration, le citoyen est maintenu volontairement par des mécanismes subtils dans l'ignorance afin qu'il s'en remette aux charlatans du verbe, aux escrocs du mot qui lui vendront l'espoir dont il a besoin pour continuer à avancer. De cette manière, le pouvoir s'assure que le peuple use de son droit de vote pour l'approuver lui supprimant toute possibilité de vote éclairé et de résistance, puisque s'abstenir, ce n'est pas dire oui, mais ce n'est pas non plus dire non. Seul le vote blanc permet un non franc et catégorique exprimant un réel refus du compromis, de la demi-mesure que représente l'élection d'un candidat par défaut porté par une minorité populaire.
La démocratie telle qu'elle se pratique communément, est donc en réalité une oligarchie. Dans cette configuration, l'élection n'est là que pour donner l'illusion au citoyen de peser dans la balance du pouvoir, qui fournit aux gouvernements la légitimité et la caution démocratique recherchée pour continuer à masquer leur politique totalitaire derrière le voile républicain.