La crise porcine mise en avant par les éleveurs traduit en réalité un malaise profond concernant l’agriculture française dans son ensemble. C’est une agriculture fondée sur la diversité, ce qui est une bonne chose, mais avec des éléments de contrainte comme la petite taille des exploitations, une fiscalité de travail trop lourde et une transposition tatillonne des recommandations européennes, ce que ne semble pas respecter les autres pays européens.
Il faut restructurer les petites exploitations
Si dans la culture du blé on réussit à trouver quelques très grands propriétaires avec des exploitations de grande taille, ce n’est pas le cas dans l’élevage.
La France, assez paradoxalement, structure ses productions dans le domaine de l’agriculture sur des petites exploitations. Nous sommes là dans l’héritage du 19ième siècle qui montrait que chaque Français éleveur était capable de se nourrir, de faire de l’épargne et de céder l’exploitation à ses descendants. Le modèle productif rejoignait le modèle familial : small was beautiful. Ce modèle est battu en brèche avec la mondialisation et l’émergence de l’agrobusiness dans les politiques agricoles communes.
La classe politique française, pas très informée de et par l’analyse économique, ne dit pas la vérité aux éleveurs
Comme d’habitude, une partie de la classe politique française, pas très nourrie à l’analyse économique et ne comprenant rien à l’économie (grâce ou à cause d’une inculture fondée sur les humanités : sociologie, droit et sciences politiques) n’arrive pas à expliquer aux éleveurs français que le monde a changé et qu’ils doivent s’adapter.
Le Ministre de l’agriculture, Le Foll, doit tenir une conférence en plein mois d’août pour essayer de rassurer une n-ième fois les éleveurs. La vérité est ailleurs et nous sommes en plein mensonge politique car le seul prix qui vaille n’est pas le prix politique du kilo ou de la tonne de viande porcine, mais bien le prix du marché.
On comprend pourquoi les principaux négociants français et industriels de la viande porcine émettent des réservent sur le prix à payer aux éleveurs.
Jamais le gouvernement français ne s’est référé à l’analyse économique pour regarder le monde agricole européen tel qu’il est. En Allemagne, au Danemark, dans ses deux pays européens concurrents de la France, ce sont les grandes exploitations d’élevage qui dominent, une fiscalité faible avec les travailleurs européens polonais et autres détachés et la prise en compte faible des impacts environnementaux dans l’application des normes européennes.
On a l’impression que les hommes politiques français, incapables, volontiers bavards sur tout et construisant le monde en partant de la Seine, n’ose pas, pour des raisons électoralistes, dire aux éleveurs que leur monde appartient désormais à l’agrobusiness avec toutes les conséquences que le marché induit : passage d’un prix politique fictif de la viande porcine vers un prix réel du marché en fonction de la concurrence, glorification des structures de grande taille et diminution d’une fiscalité considérée comme trop lourde et pesante.
Que les gouvernements français aujourd’hui et demain prennent leurs responsabilités
Au gouvernement de prendre ses responsabilités et de re-fréquenter l’analyse économique théorique pour l’action afin de mieux aider les éleveurs à exister dans l’Europe tournée vers la mondialisation. C’est un fait et une réalité, quoiqu’en disent les souverainistes.