La France, pays des Droits de l’Homme et du respect des droits individuels, est, dans le monde, l’un de ceux qui a le premier théorisé le racisme grâce à l’ « Essai sur l’inégalité des races humaines » de Gobineau paru en 1853. La France actuelle se démarque bien sûr des écrits de Gobineau. L’approche de Gobineau à propos des différentes populations d’Asie centrale et des civilisations sémitiques, n’est plus recevable, mais, dans l’esprit de certains de mes compatriotes, cette approche reste d’actualité.
On peut combattre Madame Taubira et j’appartiens à un parti politique, les LR, qui la combat de façon brutale.
Il m’arrive de m’interroger à haute voix : au nom de quels critères ce combat s’effectue-t-il ? Je finis par m’interroger sur quelle base cette critique s’organise. Elle est noire, intelligente, brillante, parlant sans accent (comme on l’entend en France) et sans note comme on a pu le voir et le constater lors du débat à l’Assemblée nationale sur la question du mariage pour tous. Pour certains de mes compatriotes « blancs », c’est impossible pour un Noir. Il faut qu’ils regardent un peu plus les Noirs « d’ailleurs » et non seulement ceux de France.
Une attitude
Taubira dérange, et c’est bien là le problème. Certains de mes compatriotes blancs, pour reprendre la « typification » de Morano, n’aiment pas les Noirs qui s’expriment avec aisance, humour, maîtrise de la langue de Molière ou de Voltaire.
On préfère le Noir du type « esquisiez-moi Monsieur, est-ce que vous pouvez m’aider ». Voilà ce que sont certains de mes compatriotes, blancs selon Morano, qui n’aiment pas trop les Noirs à l’aise dans les ors de la République. On les préfère sportifs comme Noah, Marie-José Pérec, Teddy Riner ou en Lewis Hamilton et Tigger Woods et non "intellectuels".
(Oh, excusez-moi, Hamilton est anglais, Woods le golfeur est américain, certains, avec malice, auraient dit : « il ne sait pas ce qu’il dit, il confond » . Je sais ce que je dis, je regarde mon pays dans le fond des yeux, je remercie mes compatriotes français d’analyser ma malice. )
Quand on critique Taubira sur sa politique pénitentiaire et sur sa manière de la mettre en œuvre, il n’y a pas de problème (notons que Taubira appartient au gouvernement de Hollande), mais quand on utilise cette politique pour la ramener à sa couleur de peau, comme le font certains élus de la République, conseillers municipaux et autres, sans qu’ils ne soient réellement sanctionnés ou exclus de leur Parti, je dis ici et maintenant : j’ai honte pour le Parti, les LR, auquel j’appartiens, j’ai honte pour le CRAN (Conseil représentatif des associations noires) dont j’ai été l’un des fondateurs et le premier Secrétaire général de 2005 à 2008, j’ai honte pour le gouvernement socialiste et pour le Premier Ministre Valls qui a dit son indignation mais de façon moins véhémente lorsque qu'il s'agit du Front national.
Message
C’est honteux pour la République, c’est honteux pour les populations noires, juives, arabes, qui structurent la République. Les hommes et les femmes politiques de droite comme de gauche viennent encore de montrer leur courage par la lâcheté de leur inaction en ne dénonçant pas de façon commune ce type d’aberration. Je suis désolé, je suis français, je maîtrise la langue française, j’ai passé les concours de la République je respecte la République, je suis citoyen, j’ai été élu de la République en tant que conseiller municipal, j’entends être traité et combattu sur mes idées, je ne me cache pas. J’ai horreur de l’hypocrisie de certains de mes compatriotes « blancs » au sens de Morano qui me disent : « tu n’es pas comme les autres ».
Réponse ici et maintenant à tous et à toutes : je suis Noir comme Madame Taubira, au sens où la couleur de peau a une signification de séparation et d’analyse dans la société française, mais je n’ai pas les mêmes idées politiques que Madame Taubira.