Le Premier Ministre est remarquable par sa vitalité et surtout par son courage qui consiste à reprendre toujours la même antienne : il faut tout faire pour barrer la route au FN. Monsieur Valls, laissez les électeurs décider. Au nom de la démocratie, il faut que toutes les tendances politiques de la République soient représentées dans les Conseils régionaux. Le PS est pour la proportionnelle, au nom de la respiration démocratique, mais celui-ci souhaite établir une espèce de « magouille » républicaine visant à s’allier avec la Droite pour faire barrage au FN.
En profondeur
Que certains responsables politiques socialistes souhaitent par ce biais du front républicain préserver leurs postes, on peut le comprendre, mais de grâce, Monsieur Valls, évitons d’être dans une République qui confine à des principes de gouvernance de République bananière. Les Français sont majeurs et ils ont besoin de lisibilité politique. Les électeurs de Droite votent pour la Droite, ceux de Gauche pour la Gauche et les électeurs de l’extrême-Droite pour le Front national. Voilà les éléments du premier tour et Sarkozy a parfaitement raison de l’avoir rappelé sur la radio Europe 1. Sarkozy ne peut être taxé de convoler en noces électorales avec le FN car il apparaît, plus que le Parti socialiste, comme le réel rempart contre ce parti.
Le PS est en perdition au plan national, même si le Président de la République remonte dans les sondages, mais cette remontée est d’abord personnelle et ne bénéficie pas au Parti socialiste pour ces élections régionales. Au nom du principe de prudence, attendons de voir le premier tour.
Le message de Sarkozy
Au second tour, Sarkozy a un message clair : pas d’alliance entre les Républicains et les Socialistes.
Si c’était le cas, Marine Le Pen aurait parfaitement raison, preuve à l’appui, de dire et de montrer aux Français que l’UMPS est de retour. Sarkozy dit qu’au deuxième tour, la Droite conservatrice, sans demander d’alliance avec la Gauche et encore moins avec le PS, ira à la bataille sous ses propres couleurs en demandant à tous les électeurs qui placent la République au sommet de leurs préoccupations de voter, de voter pour le candidat de leur choix au second tour.
Voici un programme clair, sans ambiguïtés et sans compromissions. La Gauche a souvent utilisé, depuis le Président Mitterrand, l’épouvantail du Front national, soit pour diviser la Droite et le Centre, soit pour présenter le Front national comme l’allié naturel de la Droite conservatrice.
Sarkozy n’est pas tombé dans le piège tendu par Valls. On verra au soir du premier tour quelles seront les forces en présence et chaque parti politique décidera ce qu’il fera. Le PS peut décider de demander à ses électeurs de voter pour un front républicain, les Républicains ne sont pas obligés de répondre à cette obligation voulue par le PS. Les Républicains pourront demander aux électeurs au deuxième tour, sans alliance avec la Gauche et encore moins avec le PS et au nom de la lisibilité politique, de voter pour la Droite.
En soutenant Bartolone ce soir à la Halle Carpentier, le Premier Ministre doit savoir que, sauf dans certains cas, il n’y aura pas d’alliance entre le PS et les Républicains.
Opinion
Sans être membre du FN et sans être près de ses idées, j’ai toujours été un de ceux qui, sur ces pages et sur d’autres, a toujours dit que si on estime le Front national comme un parti antirépublicain, il faut le dissoudre en demandant à la représentation nationale de le faire. Comme ce n’est pas le cas, le Premier Ministre a le droit de dire qu’il faut faire barrage au Front national, mais sans l’accord des Républicains. Les Républicains ne peuvent venir au secours d’un Parti socialiste et d’une Gauche qui ont fait une mauvaise analyse économique du pays et qui ont proposé dans le même temps une politique contra-cyclique marquée par une augmentation des impôts en situation de crise alors qu’il aurait fallu faire l’inverse, dynamiser l’offre et valoriser les avantages compétitifs de la France et de ses régions.