Effet de la crise ou simple effet de mode, force est de constater qu’une nouvelle tendance s’installe dans l’immobilier. À mi-chemin entre la colocation et le mythe de Tanguy, l’enfant qui ne s’envole jamais du nid, le marché immobilier s’oriente vers un nouveau type de demande "familiale" : partager une maison ou un appartement avec ses parents, tout en conservant une pseudo-indépendance.
Rien de bien nouveau, me direz-vous, sauf qu’il n’est pas question de partager autre chose que la bâtisse. Pas de salle de bain commune, ni même de salle à manger en temps partagé.
Les biens recherchés doivent répondre à des critères stricts. Une entrée séparée pour chaque logement et deux appartements complets doivent tenir entre les mêmes murs. De fait, les agences immobilières recherchent la perle rare afin de satisfaire ce besoin de "rester groupé" des jeunes couples et de celui de leurs aînés. La difficulté réside là. Les agences,prêtes à tout, ne se retrouvent plus face à un duo d’interlocuteurs, mais bien face à deux couples d’âges distincts avec des exigences propres à chacun.
Pas d’escaliers pour les uns, une deuxième chambre en vue d’un bébé pour les autres, cuisine américaine, douche à l’italienne… autant de critères multipliant la difficulté pour les agences.
Pourtant, ce nouveau type de logement fait le bonheur des marchands de biens proposant des plateaux à aménager soi-même, et des maisons de ville relativement anciennes déjà aménagées en deux appartements séparés.Le public concerné se distingue en deux catégories: les jeunes couples désireux de fonder leur propre nid et les familles monoparentales.
Ce type de rapprochement présente des avantages indéniables.
Tout d’abord, l’économie réalisée par l’achat d’une seule et unique maison destinée à loger deux familles permet de ne pas grever le budget fragile du couple qui démarre dans la vie, ni celui du couple vieillissant ayant déjà un pied dans la retraite. Ensuite, ce système évite d’avoir toujours Mémé plantée dans le salon comme dans l’ancien temps ce qui limitait l’intimité du couple naissant.
Enfin, ce compromis permet de passer les week-ends à autre chose que le sempiternel repas familial du dimanche afin que les aînés puissent profiter de leurs petits-enfants.
Au-delà des avantages matériels, il est quand même bon de constater que ce phénomène, qui sans aucun doute est lié à la crise, permet un regroupement familial où l’on resserre les liens entre aînés et jeunes, où l’on revient à des valeurs plus saines et plus empathiques. La crise aurait-elle eu pour effet de réveiller nos consciences endormies et poussées à l’individualisme extrême? Se dirige-t-on vers une société où nos enfants ne seraient plus élevés par la nounou, faute de devoir reprendre le travail à peine le bout de chou sorti de notre ventre?
Ce système nous permettrait-il d’envisager d’éradiquer l’isolement des personnes âgées? Autant de questions auxquelles nous ne pourrons apporter de réponses qu’avec le temps. Pourtant, l’optimisme est de mise pour ce phénomène, véritable indicateur de la tendance au retour à des valeurs familiales ancrées dans notre besoin de rester unis.