De toute la France, c'est sans doute à Marseille que le trafic de drogue fait le plus de victimes, et ce n'est pas tomber dans des clichés que de dire cela. Ainsi, 150 Marseillais ont signé une tribune dimanche 8 janvier dans le Journal du dimanche, favorable à une légalisation contrôlée du cannabis. Parmi ces personnalités, le député socialiste Patrick Mennucci. Selon eux, légaliser le cannabis permettrait de mieux encadrer sa circulation et sa consommation, car l'interdiction formelle et la politique répressive menées par la France ne portent clairement pas leurs fruits : notre pays est en effet l'un des premiers d'Europe en termes de consommation de cannabis, devançant même les Pays-Bas, qui l'ont légalisé.

Les élections doivent ouvrir le débat sur la légalisation

L'idée de cette tribune est de rappeler aux candidats à la primaire de la gauche, mais également à tous ceux qui concourent pour la présidence, que cette question doit être posée dans le débat public. A droite, on la met sous le tapis, arguant que la prohibition est effective et qu'elle permet de réduire considérablement la consommation du cannabis. A gauche, en revanche, chaque candidat porte à sa manière un débat sur la légalisation ou, du moins, la dépénalisation. Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon, par exemple, sont favorables à la légalisation du cannabis, d'abord pour ses vertus thérapeutiques, mais aussi en vue de mieux encadrer sa circulation et sa consommation.

Les crimes du cannabis à Marseille

Dans la cité phocéenne, les forces de l'ordre comme les juristes, avocats, procureurs et juges, sont les premiers à se rendre compte que l'interdiction pousse au contraire à davantage échanger et consommer le cannabis. Selon ces personnalités, l'interdiction est un "échec." Pourquoi ? Parce qu'elle est à l'origine des effets pervers que l'on connaît : la multiplication des réseaux sous-terrains, de trafics organisés qui gagnent de plus en plus de quartiers.

Plus grave, les règlements de compte, qui sont courants à Marseille, sont généralement lié au trafic du cannabis. Bref, l'interdiction tue davantage qu'elle ne sauve. Dans la seule année 2016, on dénombre 27 morts par balle dus à des règlements de compte dans les Bouches-du-Rhône. Le chiffre était presque identique voilà plus de 30 ans.

Il faut donc réagir différemment au trafic.

Pourquoi légaliser ?

En fonction des barrières politiques, il existe des arguments " pour " et des arguments " contre." Etudions de plus près les arguments " pour ", ici portés par les signataires de la tribune. D'abord, légaliser le cannabis permettrait de mettre "fin" aux "réseaux mafieux qui prospèrent sur l'interdit, et qui tuent." Ce sont également les "économies substantielles", souterraines, échappant à l'emprise de l'Etat, qui seraient abolies. A cela s'ajoutent des soucis financiers, notamment dus à l'immense dette de plus de 300 milliards d'euros que nous traînons derrière nous : après la légalisation, taxer la vente du cannabis ferait "rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat." Enfin, l'avantage serait également social : alors que le chômage en France est de presque 10%, soit plus de 5 millions de chômeurs, la légalisation du cannabis donnerait naissance à "une organisation nouvelle de la production qui créera des emplois dans l'agriculture." Bref, pour cesser de subir le trafic du cannabis et commencer à en tirer profit, il faut mettre en place une "légalisation contrôlée de la production, de la vente et de la consommation."