C'est en ouvrant le journal, en semaine, au petit matin, que l'on s'aperçoit que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Oui, il est devenu banal d'attaquer en justice un homme pour avoir aidé des étrangers à passer la frontière et pour les avoir hébergés. L'hospitalité n'est vraiment plus ce qu'elle était. Ainsi, Cédric Herrou, agriculteur logeant près de Nice, a payé les frais de sa solidarité : il comparaissait mercredi devant le tribunal de Nice. Les raisons officielles de son procès ? Aide à l'entrée, à la circulation, et au séjour de personnes en situation irrégulière.

C'est qu'il fait bon vivre en France en 2017 ! Et hop, un petit saut dans le temps, un siècle en arrière (et encore).

La récompense d'un dur labeur

En arrivant à la frontière française, les migrants venus d'Italie ont plusieurs choix : camper devant Vintimille jusqu'à ce qu'un miracle vienne les amener jusqu'en France, ou bien tenter leur chance seuls et se faire jeter comme des malpropres par nos policiers. Cédric Herrou, lui, souhaitait contourner le problème des douanes, bien trop surveillées au niveau de la cote, en aidant les malheureux réfugiés à passer en France en traversant la montagne. En outre, il a réussi à convaincre plusieurs de ses voisins de l'aider à accueillir ces étrangers, ce que, par le bon sens le plus primaire, ils ont eu le courage de faire.

Mais ces va et vient entre l'Italie et la France par la montagne ont rapidement été détectés, et on a découvert qu'il avait mené plus de 50 migrants érythréens dormir dans une gare désaffectée. Les élus locaux républicains, sans surprise, se sont insurgés contre cet acte de bravoure, et ont dénoncé les agissements de Cédric Herrou.

Eric Ciotti et Christian Estrosi ont notamment permis d'accélérer les procédures de justices à l'encontre de l'agriculteur. Selon eux, il aurait accueilli ces migrants pour des raisons militantes.

D'ailleurs, il est vrai que les choses prennent une tournure politique, puisque de nombreux soutiens à Cédric Herrou étaient présents pendant tout le procès devant le tribunal de Nice.

C'est l'opposition classique entre les progressistes et les non progressistes, ou plutôt entre les solidaires et ceux qui font semblant de l'être. Dans un département et une région gouvernés par des politiciens réactionnaires, il est évident que l'acte humain de Cédric Herrou était totalement inapproprié. D'où l'importance d'aller le soutenir, pour montrer qu'il existe encore en région PACA des gens qui ne sont tout simplement pas xénophobes. En tout cas, la justice, elle, l'est : elle a requis 8 mois de prison avec sursis. Mais lui, à la différence des élus de droite, devra sans doute purger sa peine car il n'a pas la chance d'avoir beaucoup d'argent et un bon avocat.

Des cas similaires d'initiatives solidaires punies

Ce n'est pas la première fois que la justice met un homme derrière les barreaux parce qu'il a aidé des malheureux blessés de guerre à franchir la frontière et à se soigner. En effet, 6 mois de prison avec sursis avaient été demandés par le procureur contre un maître de conférence niçois qui avait conduit 3 jeunes Erythréennes blessées chez un docteur pour se faire soigner. Son jugement a eu lieu le 23 novembre, et le verdict est pour le 6 janvier, mais je ne serais pas étonné qu'il prenne cette peine plein pot. Pays des droits de l'homme ? Bien évidemment, n'en doutez pas. On punit de prison ceux qui ont emmené des victimes de guerre se faire soigner, mais tout va bien. Si je ne suis pas le seul à être scandalisé, alors vous aussi vous pouvez changer les choses : votez le 24 avril et le 1er mai.