Marine Le Pen ne veut plus entendre parler de "Front National". Trop connoté, marqueur d'extrême droite qui empêche le parti de convaincre au-delà de ses bases... les raisons sont légion. D'ailleurs elle a mené sa campagne sous les couleurs de son propre mouvement, le Rassemblement bleu marine. Même le logo du FN, la petite flamme bleue-blanc-rouge, est copié sur celui du MSI, parti néofasciste italien. Mais si Florian Philippot a, par la suite, insisté sur le changement de nom, notons que ce n'est pas la première fois que le FN en parle. L'idée date même de 1998.

A l'époque, Jean-Marie Le Pen cultivait une certaine rivalité avec Bruno Mégret, alors numéro 2 du parti. Si Le Pen est un habitué des dérapages verbaux (on se souvient du point de détail...) Mégret aspirait à faire du FN un "parti de gouvernement", en somme une dédiabolisation avant que ce ne soit à la mode. Pour ce faire, Mégret proposera un changement de nom : que Front national devienne le Mouvement national. Une proposition balayée d'un revers de la main par le Menhir, qui affirmera son opposition au projet en excluant Mégret et des dizaines de cadres du parti avec lui.

Plus récemment, en février 2016, la question du changement de nom refit surface après la déroute des régionales. Malgré une forte présence au second tour, le FN ne remporte au final aucune présidence de région, du fait des alliances entre gauche et droite.

Il n'en faudra pas plus pour que quelques cadres ressortent la solution du changement de nom. Mais, encore une fois, la base du parti s'y oppose, avec à sa tête Bruno Gollnisch :

Jean-Marie Le Pen n'apprécie guère l'idée

Forcément, l'un des premiers opposants au changement de nom n'est autre que le père fondateur historique du parti.

C'est Jean-Marie Le Pen lui-même qui trouvera l'appellation de "Front national pour une Unité française", avant que Front national ne devienne la dénomination officielle en 1972. Fondé par des poujadistes, pétainistes et néonazis, on comprend alors aisément la volonté de Marine Le Pen de rompre avec cette image.

D'ailleurs parmi les noms probables qui circulent, Mouvement républicain ou Mouvement patriote républicain reviennent souvent, tout comme Alliance patriote et républicaine.

Rien d'étonnant dans la mesure ou le patriotisme et la république font partie des éléments de langage les plus usités par les responsables FN. Certains parlent même d'un nouveau Mouvement national républicain, calqué sur celui de Bruno Mégret. Une idée qui pourrait plaire à la jeune garde mariniste, notamment Steeve Briois et Nicolas Bay, tous deux anciens militants du MNR.

Quoi qu'il en soit, si changement de nom il y a, seul un Congrès du parti d'extrême droite est habilité à confirmer cette modification. Pour l'instant les avis semblent mitigés parmi les militants et cadres du parti. Autant la parole de la présidente est peu remise en cause (surtout depuis qu'elle fait le double du score de son père en 2002), autant l'intérêt de la démarche échappe à certains. D'ailleurs, pour Denis Gancel, spécialiste des marques et enseignant à Sciences Po, la manoeuvre est tout bonnement inutile :