Malgré la défaite, l’extrême droite peut se gausser d’un semi-succès. Si l’écart avec Emmanuel Macron est conséquent (66.4% contre 33.9%), Marine Le Pen engrange près de 3 millions de nouveaux électeurs. D'ailleurs, suite à l'annonce des résultats, et loin de déplorer sa défaite, la présidente du Front National s’est fendue d’un discours énigmatique, dévoilant sa volonté de "constituer une nouvelle force politique" et a ainsi lancé un appel à "tous les patriotes":
Ainsi, le FN compte profiter de sa position de finaliste à la présidentielle pour légitimer sa posture de « première force d’opposition » durant le prochain quinquennat.
Certes, pour un parti politique, le fait d’être dans l’opposition est toujours pratique. Le but du jeu étant de toujours avoir une opinion critique sur l’action du gouvernement et de la majorité, sans jamais avoir à prouver que l’on sait mieux faire. Plutôt simple. Néanmoins, la Marianne de l’extrême droite française aura intérêt à s'accrocher.
Si l'on sait que les négociations sont déjà bien avancées avec Debout la France, le parti de Nicolas Dupont-Aignan, celui-ci avait annoncé que son parti ne serait en aucun cas absorbé par le Front national. Il ne s’agit donc vraisemblablement pas d’une fusion. Mais cette alliance renforce l’ancrage de Marine Le Pen parmi les souverainistes de droite. À titre d'exemple : le SIEL (Souveraineté, identité et libertés) créé par Paul-Marie Couteux est un allié indéfectible du FN, tout comme le RIF (Rassemblement pour l’indépendance et la souveraineté de la France) d’Alain Bournazel, qui répondra sans doute favorablement à l'appel de Marine Le Pen.
Les fachos pas si fan du FN
Mais si Marine Le Pen compte prendre un virage à la " Trump ", c'est-à-dire recréer le lien avec la droite extrême, la tâche pourrait s'avérer délicate pour une bonne raison : les nationalistes se détournent du FN. Cela peut paraître paradoxal, mais les partis dits « patriotes » ou « nationalistes » regorgent d’opposants ou de déçus du Front national version Marine Le Pen.
A titre d'exemple, les deux principaux partis à la droite du FN, en l'occurrence le Parti de la France (PDF) et le Mouvement national républicain (MNR), ont été fondés par deux exclus du FN, respectivement Carl Lang et Bruno Mégret.
Néanmoins il est peu probable de voir ce genre de rapprochement s'opérer. Premièrement parce que la stratégie de dédiabolisation plaît peu à la droite de Marine.
Deuxièmement parce que cette stratégie porte visiblement ses fruits au vu des voix exprimés. Ainsi le FN pourrait continuer sur la voie de la normalisation. Pour ce faire, les appels du pied à la droite républicaine devraient se multiplier. Il ne serait pas incongru que certaines personnalités du parti Les Républicains rejoignent ce méga mouvement de patriotes, ce qui signerait définitivement l'arrêt de mort de la droite traditionnelle. Affaire à suivre.