Selon un sondage Kantar Sofres pour Le Figaro, 49% du corps électoral souhaite une cohabitation. Oui, mais laquelle, et de quelle nature au juste ? Il y a deux sortes de cohabitations : l'une avec des blocs résolus, genre majorité godillots et opposition systématique des autres groupes ; l'autre, plus "fluctuante". Et puis, il est des majorités "stables" et d'autres évolutives. Parce qu'avec une minorité fragile, des députés, des conseillers régionaux ou départementaux peuvent changer de bord. La progression de l'abstention est de 3,15% d'un tour sur l'autre, mais il est très difficile de l'attribuer : des électeurs d'un autre parti que le FN peuvent avoir choisi de passer le week-end à la campagne… De même, si on cumule blancs et nuls (avec 3% de nuls, assez peu peuvent être attribués à la négligence ou la distraction), soit un total de près de 11,5 %, les prémisses d'une cohabitation semblent certes se dégager.

Selon ce sondage, 69% estiment qu'une cohabitation est envisageable, et 49% la souhaitent. Mais aussi entre 13% et 17% d'indécis (13 pour le pronostic, 17 de sans opinion pour l'issue souhaitée). Mais ce sondage est d'autant moins "fiable" qu'il date d'avant le résultat du second tour présidentiel et qu'il reste cinq semaines d'ici celui de l'élection législative. D'ici là, dans un premier temps, le paysage électoral aura évolué, et dans un second, après une éventuelle cohabitation ou non, des recompositions peuvent intervenir.

Conforme aux prévisions ?

Je prévoyais un résultat autour de 65-35, ce fut 66,1% pour Macron et un Front National divisé en deux pôles : les marinistes du nord et du nord-est, une composante plus disparate sur le pourtour méditerranéen.

On ne sait laquelle de ces deux zones renforcera la présence du FN à l'assemblée. Cela dépendra sans doute aussi des personnalités des candidats, ce qui vaudra pour presque toutes les composantes en présence, partout sur le territoire. Qu'une personnalité très implantée, très estimée (par exemple adoubée par le maire de Vitré, Pierre Maihaignerie) bascule vers En Marche (ce qui semble exclu sur cette circonscription, mais peut se produire ailleurs), et un effet d'entraînement se produira.

Sur son site, Anthony Veyssière diffuse une carte modifiable qui, en l'état actuel des sondages et des résultats des deux tours ainsi que ceux de 2012, laisse entrevoir près de 90 triangulaires (des quadrangulaires ne peuvent être exclues). Toute projection, à l'heure actuelle reste énormément sujette à caution. Mais ce qui semble se dessiner, c'est un très net fléchissement du PS et du PCF.

Ainsi qu'une très forte fragilité des écologistes. Quant aux toutes petites formations, comme Debout la France, leur avenir groupusculaire est compromis (la candidate DLF de Brest a jeté l'éponge, comme son suppléant, d'autres suivront). Il n'est d'ailleurs pas sûr que DLF, contrairement à ce qu'annoncé, puisse présenter des candidatures dans les circonscriptions. Selon les hypothèses de participation (basse, haute), OpinionWay envisage entre 30% et 42% de duels "droite"/FN. Mais de quelle "droite" s'agira-t-il encore ? Avancer qu'en Marche obtiendrait entre 250 et 300 sièges semble raisonnable mais cela reste subjectif (une nette majorité requiert 289 sièges). Rappelons aussi qu'En Marche veut réduire le nombre des parlementaires d'un tiers, et introduire une dose de proportionnelle, mais on ne sait quand et si cela sera possible.

La cohabitation est envisageable, mais aussi une dissolution et de nouvelles législatives à une échéance (et un résultat) incertaine. Les Républicains tablent sur la perspective d'une dissolution leur profitant… si et seulement si la cohabitation était inévitable. Seule certitude : après les MacronLeaks (nous y reviendrons), les lâchers d'infos continueront. J'évoquais hier, prudemment "un truc très périphérique et énigmatique" au nombre des MacronLeaks. Sa nature est confirmée (voir article suivant, dans une-deux heures). Mais fillonistes, sarkozystes pro-FN désormais (pas toutes et tous, évidemment), et frontistes renonceront-ils ? Le pli est pris : il sera durable.