Une manifestante, salariée Sncf, environ quarante-cinq ans, manifeste ce jour car elle s’insurge « contre l’injustice d’une manière générale, au travail, par rapport aux droits et notamment aux droits des travailleurs sans papiers qui n’ont aucun droit ». Elle apporte de plus « sa solidarité avec les chibanis» et dépeint la marche contre « le racisme d’état » . Les chibanis sont les salariés de la Sncf marocains, dont l’absence de statut à l’égal de leurs collègues les a faits vivre toute leur carrière professionnelle dans l’inégalité en terme de salaires et de promotion professionnelle.
L’inégalité et l’injustice des traitements à leur encontre se poursuivent aussi durant leur retraite, même si la Sncf est en passe d’être condamnée à la revalorisation de leur retraite. D’une part la compagnie ferroviaire continue de freiner le processus judiciaire par ses incessants appels de la décision de justice près les diverses instances. Et malheureusement, la justice française n’applique pas une rétroactivité de la revalorisation des points de salaires et de cotisations des chibanis, et ne peut réellement compenser les absences d’avancements professionnels tout au long de leur carrière passée.
Antony la vingtaine prend pieds dans la rue aux côtés de son amie au cheveux colorés car il n’a pas oublié.
« En 2002, j’étais un gamin et je me suis dis « plus jamais ça ». Et aujourd’hui c’est pour dire « le FN pas avant, pas maintenant, pas après. Le FN jamais ça. C’est pas [non plus] parce que maintenant c’est une femme à sa tête ». De plus à sa manière, il dénonce la stratégie de façade de normalisation politique de sa dirigeante par le jeu de pouvoirs qu’elle mène contre sa nièce et ses photographies sur le net.
En chœur, les manifestants entonnent une fois la marche commencée « le fascisme c’est la gangrène ! On l’élimine ou en crève ! » Les manifestants et les français représentés le savent. Le FN est une maladie opportune qui frappe la société française car les travailleurs qui la font vivre se trompent de combat. Ils n’ont pas les bonnes clés d’analyse de la crise économique, sociale, et culturelle que la France et le monde d’une manière générale traversent.
Ainsi, Antonin, un militant du Collectif Vingtième Solidaire, un peu plus vingt ans d’âge lui aussi, met en lumière la problématique suivante « il n’y a pas une lecture de classe du fascisme ». Et elle pêche d’avoir été relativement remisée de côté dans son analyse de la crise. En ambiance de fond les militants affirment : « Pas de quartiers pour les fachos ! Pas de fachos dans nos quartiers ». « A bas ! A bas le Fn ». « A.A. Anti, Anti-capitaliste ! » Les manifestants poursuivent leur marche. A 15 :15, ils traversent les portes de Paris, filent sous le périphérique et arrivent à la Porte de la Villette, où, en arrière plan, on distingue un car de la police nationale. Encore une fois ! Cette manifestation pacifiste, qui se déroule dans un esprit de solidarité et de chaleur humaine, se remémore « le fascisme c’est la gangrène !
On l’élimine ou on en crève ! » Certains penseurs avancent à ce sujet l’analyse suivante « le FN [est] le représentant des franges les plus autonomisées et radicalisées de la police et de l’armée impérialiste française, celles-là mêmes qui quadrillent, mutilent, violent et tuent déjà dans les banlieues de la métropole parisienne comme en Afrique, au Moyen Orient, dans les Caraibes ou aux frontières de l‘Europe forteresse ».
"On n'oublie pas! On ne pardonne pas!"
Aux dernières paroles entendues, les militants continuent « Zyad, Bouna ! On n’oublie pas ! On pardonne pas ! Adama ! On n’oublie pas ! On pardonne pas ! Théo ! On n’oublie pas ! On pardonne pas ! Shaoyao Liu ! On oublie pas ! On pardonne pas ! » (UNPA).
Selon les images rapportées par les médias indépendants en réponse aux tirs de gaz lacrymogènes sur les manifestants, ceux-ci ont procédé à d’infimes jets de projectiles à la frontière entre Pantin et Paris, à la Porte de Pantin un peu plus tard dans l’après-midi.