Vendredi 24 février 2017, devant la mairie de Montfermeil, à 15:30, M. Samuel Thomas président de la Fédération Nationale des Maisons des Potes, rédacteur en chef du journal Pot à Pot, est interpellé par la police nationale. Avec des permanents de la Fédération, services civiques et salariés, habillés de blanc portant à leur torse leur devise "faisons de l'égalité une réalité", ils réalisent depuis le 21 février le tour d'Île de France de l'égalité. Samuel Thomas est forcé de monter dans l'un de leur fourgon.
Aucune direction ne peut légitimement opérer à la privation de liberté qu'il subit, aggravée et prolongée par ce qui est une Garde à Vue au commissariat de police de Clichy-Montfermeil.
Dans ces bas fonds il est menotté. Les avocats de la Fédération réussissent leur intercession. A la nuit tombée, il peut ressortir du commissariat. Libre, il n'a pas été donné de suite à la demande de procédure de mise en examen.
Mais, par leurs actes et leurs paroles, juge et partie, la police nationale a déjà asséné sa sentence. Son réquisitoire, dans le torchis du verbe que les policiers déversent, fait un procès frontal à Samuel Thomas, au personnage public. A la figure de la lutte anti-racisme, au minimum l'admonestant, ils s'attaquent aux valeurs de la république, dont la Fédération Nationale des Maisons des Potes est une des militantes. Ils assènent coups par coups les forfaitures de discours suivantes.
"Le racisme ça n'existe pas". "C'est faire de la victimisation". "Il y en assez de ne défendre que les étrangers et de ne rien faire pour des français comme ceux qui souffrent de discriminations parce qu'ils ont de trop petits salaires". "Les syndicats ne servent à rien". "Harlem Désir est un pourri". "On s'en fout de Bruno Leroux".
Six revendications essentielles articulent le plaidoyer de la Fédération : 1° le récépissé de contrôle de police "anonyme", 2° plus de justice contre les discriminations, 3° le cv anonyme, 4° l'ouverture des emplois fermés, 5° le droit de vote pour les résidents hors UE, 6° la régularisation des travailleurs sans papiers.
Samuel Thomas : interview
Samuel Thomas a été interviewé le vendredi 3 mars 2017 pour recueillir ses propos au sujet de cette affaire. Ses paroles semblent vouloir trouver la force de la nuance et surtout la pérennisation du dialogue. Avec les forces de l'ordre, il avance une ligne directrice d'ouverture et de propositions à leur attention, notamment relatives à leur formation. Il mentionne la formation indispensable "aux valeurs que la police doit protéger" dit-il. Il exprime ainsi la responsabilité de contrer chez elles la propagande "des médias et du Fn".
Empathique, Il se joint à elle acceptant derechef les motivations de leur mouvement social. Il pense aux "souffrances que peuvent provoquer les difficultés à payer son loyer", se mettant ainsi à la place des forces de police à faibles rémunérations.
Il avertit qu'"il ne faut pas transformer ça en une forme de danger". Il continue, conseillant : "il faut que les policiers fassent du sport de combat"; pour qu'ils sachent faire face aux situations de leur profession. "Ils ne doivent pas être dominés par leur peur" ajoute-t-il. De plus il avise des intérêts pour eux d'avoir "des séances de yoga", aussi pour gérer leur stress.
Toutefois, il affirme son intransigeance et assure sa responsabilité de président de la Fédération des Maisons des Potes. Alors il réaffirme éminente l'importance inéluctable d'une des revendications de la fédération. "La police doit être sanctionnée. Elle doit être contrôlée par rapport aux règles d'interpellation. Elle ne doit pas bénéficier de l'impunité quand leurs actes" sont contrevenants à ces règles.
Il faut entendre par ces mots, lorsque leurs motivations sont les discriminations d'une manière générale et spécifique. Il est indéniable que l'arrestation de Samuel Thomas tombe sous le coup de cette condamnation.