Le Cameroun connaitra en octobre 2018 l’une des élections les plus délicates de son histoire, en ce sens que ce scrutin intervient au moment où les spéculations vont dans tous les sens, notamment sur le cas « Paul Biya » ; un Président âgé de 84 ans, et au pouvoir depuis 1982. Même au sein du RDPC, son parti, l’unanimité ne semble pas trouvée à son sujet ; tandis que les radicaux l’invitent à briguer un autre septennat, le courant des modernistes souhaite pour sa part une « mise au repos » de l’homme fort de Yaoundé.

Que ce soit au niveau de l’opposition que de la société civile, le débat sur le renouvellement de la classe actuelle fait rage ; les Camerounais souhaitant dans leur immense majorité, un rajeunissent complet de l’équipe dirigeante du pays. Et, dans cette dynamique, trois jeunes loups - l’un de la société civile, et deux de l’opposition - se dégagent du lot, allons les découvrir.

Cabral Libii : le Macron du Cameroun

Jeune universitaire et juriste de formation, Cabral était jusqu’ici connu comme chroniqueur et consultant pour de nombreux médias camerounais. Fin admirateur d’Emmanuel Macron, Cabral Libii, âgé lui-aussi de 39 ans comme son mentor, ne cesse au fil des jours de gagner le cœur des camerounais, jeunes pour la plupart.

Bien que ne disposant pas encore à proprement parler d’un programme politique, ce natif d’Eséka dans la région du Centre place comme préalable, l’enrôlement d’au moins 11 millions électeurs : « Des milliers de mes compatriotes m’ont appelé à présider à leurs destinées. Cet authentique 'appel du peuple' m’honore. Je sens sur mes épaules, la lourdeur de la responsabilité d’un élu des cœurs et de raison. Merci en toute humilité. Le triomphe électoral d’idées nouvelles sur lesquelles nous nous accorderons le moment venu et d’hommes nouveaux lors des échéances à venir, nous impose dès maintenant à tous, un profond engagement. L’objectif au 1er janvier 2018 est de disposer d’un corps électoral de 11,000,000 (11 millions d’inscrits) au moins. Mettons-nous donc au travail » a-t-il indiqué récemment sur son compte facebook.

N’appartenant officiellement à aucun parti politique, nul doute que Cabral saura au moment venu créer sa propre formation politique, ou alors s’appuyer sur un parti déjà existant ; l’actuel code électoral étant un peu rigide avec les candidatures indépendantes.

Maurice Kamto : l’étoile montante de l’opposition camerounaise

Figure récente de l’opposition, Maurice Kamto est à ce jour l’un des rares opposants capables de rassembler 1000 personnes au cours d’un meeting. Agrégé en Droit et ancien Ministre délégué auprès du Vice – Premier Ministre en charge de la Justice, celui-ci démissionne de son poste en 2011, avant de lancer un an plus tard le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) ; un parti très bien structuré, qui ne cesse de donner des sueurs froides au régime de Yaoundé.

Aujourd’hui implanté dans la quasi-totalité du pays, le MRC poursuit sa percée dans les principaux fiefs du RDPC au pouvoir, ainsi que dans ceux de l’ancienne opposition.

L’atout majeur de Maurice Kamto est sa parfaite maitrise du paysage politique camerounais ; bien plus, il a su donner au directoire de son parti une équipe composée de personnalités des quatre coins du pays connues pour leur sérieux et politiquement vierges.

Véritable bourreau au régime RDPC qu’il connait très bien, Maurice Kamto est présenté par les spécialistes comme le seul opposant capable de mettre à mal Paul Biya en 2018 ; ceci, malgré ses origines Bamilékés qui sont utilisés par ses adversaires pour le rendre impopulaires auprès des autres ethnies du pays, car « les Bamilékés ne sauraient contrôler à eux-seuls le pouvoir économique et le pouvoir politique » soutiennent-ils !

Joshua Osih : une bonne alternative pour les nostalgiques du SDF ?

Bien qu’originaire du Cameroun anglophone, l’Honorable Joshua Osih manie avec une éloquence indicible le français et l’anglais ; un fait plutôt rarissime chez les politiciens camerounais. Elu député lors des dernières législatives, il est très proche de la jeunesse, et sait se mettre à l’écart des « petites folies » du chairman Ni John Fru Ndi. Âgé de 49 ans et premier vice-président du Social Démocratic Front (SDF), Joshua Osih pourrait être un bon candidat pour ce parti en 2018, à la seule condition que l’inamovible Fru Ndi accepte de passer la main.