Le 9 octobre 2020 entre la fin du Tour de France et en plein Tour d’Italie, Joseba Beloki m’a accordé plus d’une demi-heure de son temps pour nous parler de son amour du Tour, de ses anecdotes mais aussi répondre avec honnêteté sur le Cyclisme en général. Entretien.

Comment est né chez toi l’amour du cyclisme ?

Le cyclisme est une histoire familiale. J’ai un oncle qui a failli être professionnel et donc, depuis petit, j’étais baigné dans le vélo. A 9 ans, j’ai commencé à faire de la compétition à l’école ou j’étudiais sans avoir de grands résultats mais en Junior, les bonnes performances sont arrivées.

Tu as pris ta retraite en 2007. Avec du recul, comment as-tu vécu ces moments sans entrainements, sans compétition ?

Je me rappelle de l’époque lorsque j’étais un spectateur du Tour de France quand gagnait par exemple Miguel Indurain une étape à Luz-Ardiden. A partir de ce moment-là, je me suis dit que je serais un jour moi aussi un coureur du Tour de France. Je ferais tout pour y être. Et donc quand j’ai arrêté, c’est avec le sentiment du devoir accompli que j’ai mis le vélo de côté en tant que professionnel.

Et aujourd’hui, je suis encore le cyclisme, je sors avec mon fils qui court en cadet et donc ce sport fait encore partie de moi aujourd’hui.

Tu as aussi des activités en relation au cyclisme…

Je travaille à la radio depuis 2008 comme suiveur du Tour de France et de la Vuelta mais aussi pour une revue. Cela me fait du bien. Je me rends compte que j’aime cela, il y a un manque surtout à cause du coronavirus.

Je rappelle aux gens que tu as terminé trois fois sur le podium du Tour de France pour tes trois premières participations mais aussi une fois 3e podium duTour d’Espagne. La question est simple : quel est ton meilleur souvenir ?

Plus qu’un résultat, mon meilleur souvenir est ma première participation au Tour de France (2000) avec le prologue au Futuroscope.

C’était spécial. J’avais toujours rêvé de ce moment. Je n’ai jamais pensé au Giro ou à la Vuelta, ce que je voulais, c’était le Tour.

Tu es Espagnol, il y a beaucoup de sports où ton pays brille, pourquoi le Tour de France et le cyclisme sont si importants pour toi ?

Il ne faut pas se mentir, le Tour de France est la plus grande compétition de cyclisme au monde et un des plus grands évènements dans le sport. Que ce soir le Giro ou la Vuelta, la concurrence n’est pas la même, les conditions ne sont pas les mêmes et tout ce qu’il y a autour n’est pas pareil. Le Tour, c’est le Tour. Je voulais plus que tout y participer comme je t’ai déjà dit. En comparaison avec le sport en général, les gens supportent les coureurs et non une nationalité.

Quand Alejandro Valverde a été champion du monde, tout le monde était content après tout ce qu’il avait déjà accompli. Et c’est la même chose quand ce fut il y a peu Julian Alaphilippe. Tout le monde est fan et souhaitait en fait qu’il gagne quand il a attaqué. On reconnait les performances des coureurs et on s’attache à certains peu importe le pays.

Une question plus technique qui me vient de mon ami Florian, cycliste amateur. Quel est le plus difficile à gérer : la fatigue musculaire ou cardiaque au fur et à mesure des étapes et en combien de temps estimes-tu que tu as récupéré 100% de tes capacités après un grand Tour ?

Pour ma part, je n’ai jamais eu une référence cardiaque quand j’étais bien physiquement. Je contrôlais un peu lors des courses avant le Tour de France mais pendant les trois semaines, non. Je n’avais même pas de moniteur ni les informations sur mon cardio. Au final, c’est plus le poids de l’effort musculaire qui se ressent. J’invite souvent les gens, quand ils voient la course et surtout, au pied d’un col, à écouter la respiration des coureurs. La première semaine, ils respirent fort alors que la troisième semaine, ils respirent plus lentement et calmement. Pourquoi ? Parce que musculairement, ils sont détruits. La fatigue musculaire est plus importante dans ce sens. Cela ne veut pas dire que le cardio pendant 3 500 km ne souffre pas mais les muscles sont plus impactés.

Je me souviens d’une anecdote d’Indurain qui nous avait dit qu’à la fin d’un Tour, il descendait les escaliers de l’hôtel à reculons car en avançant normalement, cela lui faisait trop mal.

En ce qui concerne la récupération, je me souviens que le lendemain de la fin de mon premier Tour, je ne pouvais même pas marcher. J’ai demandé à mes coéquipiers si c’était le mauvais jour d’après… Ils m’ont répondu que c’est aussi le relâchement, la pression qui s’évacue et qui te rend comme ça. Chaque année, j’essayais d’enchainer Tour-Vuelta (il y avait plus de temps entre les deux) mais personnellement, il me fallait 10-11 jours de 'repos actif' avec peu de sport pour récupérer totalement.

L’entretien complet ici avec son analyse sur le Tour 2002 (2e) et la disqualification d’Armstrong, le cas Thibaut Pinot et la nouvelle génération qui promet :