Ce samedi 31 octobre 2020, Claude Vanony et moi avons partagé une bonne demi-heure d’entretien entre histoires de vie et anecdotes plus intéressantes les unes que les autres. A 85 ans, l’humoriste a toujours la flamme d’un métier qu’il adore.
Né entre les deux guerres en 1935, le paradoxe de la comédie
Je ne vais pas vous faire un cours d’histoire. 1935. Vous savez dans quelle période de l’histoire on se situe. Devenir humoriste peut alors sembler contradictoire mais pour Claude, c’est quelque chose que l’on a ou pas : ''Je crois que l’on a cela en soi.
Alors, on le développe oui ou non. On en fait un métier oui ou non, c’est plutôt non normalement. Souvent j’entends dire ici et là qu’un tel ou un tel fait rire, fait des blagues, qu’il aurait pu faire carrière s’il avait voulu… C’est plus compliqué que cela. Je voulais faire deux choses dans ma vie : du sport et de la scène et j’ai fait les deux. (…) J’étais heureux de quitter l’école, d’être actif. Pendant mon service militaire au Maroc, j’ai passé mon diplôme de maitre-nageur et je suis devenu gérant de la piscine de Kénitra''. En même temps et quelques diplômes d’Etat plus tard dans plusieurs sports comme l’escalade ou le canoë kayak, Claude était aussi sur scène : ''Parallèlement comme j’aimais la scène, quand je suis rentré du régiment, je suis rentré dans une troupe théâtrale où j’ai joué des pièces pendant douze ans et aussi dans un groupe folklorique, les Ménestrels de Gérardmer.
C’est là le début de ma carrière''.
Un rôle de ''petit vieux'' dès l’âge de 24 ans et le succès qui va avec
Ceux qui connaissent le personnage de Claude Vanony connaissent son accent certes exagéré mais aussi beaucoup de ses expressions, mimiques et autres blagues. Les Lorrains ont également en tête son look de paysan vosgien fourni d’un chapeau, d’un gilet en peau de vache, ses légendaires sabots et son pantalon de velours soutenu par des bretelles : ''Ce rôle de raconteur de blagues m’est arrivé sur le dos avec plaisir.
On me traitait déjà de petit vieux à 24 ans. Je faisais deux ou trois histoires d’1min30 et cela a démarré comme cela pour moi. Et aux Ménestrels, on faisait déjà des disques, des 33 tours et les gens réclamaient un des miens. Grâce à Jean Grossier qui a insisté auprès d’une maison de disques pour que je sorte quelque chose, j’ai pu sortir mon premier 45 tours avec une pochette en papier noir et blanc dérisoire.
Et j’en ai fait quatorze par la suite. Il n’y a pas beaucoup de familles du Grand Est qui n’ont pas un de mes disques''.
Double disque d’or et 4 spectacles à l’Olympia
On dit souvent qu’il est difficile de percer ou de réussir s’il on ne monte pas à Paris. Claude Vanony avait déjà une carrière bien remplie loin de la capitale avant son premier Olympia en 2003. Il fera trois autres représentations dans la mythique salle française. Mais pour lui, malgré la grandeur de l’endroit et de l’évènement, ''une salle reste une salle et on oublie, on joue''. D’ailleurs, quand je lui pose la question sur un éventuel petit stress supplémentaire à l’idée de jouer dans cette salle, sa réponse fut catégorique : ''Pas du tout.
Absolument pas. Je pars pour aller sur scène et je n’ai pas besoin d’être concentré. Bien sûr, j’ai une trame mais j’improvise, je rattrape mes erreurs, c’est ça le spectacle vivant. Je casse même la croûte avant mes spectacles''. C’est aussi cela qui fait la différence entre ceux qui y arrivent à l’image d’un sportif de haut niveau et ceux qui restent à faire des blagues (je le dis respectueusement) en famille ou entre amis.
Retour en images sur le spectacle anniversaire de Claude Vanony ! https://t.co/6iyJztaiQY #OlympiaForever pic.twitter.com/PDwWwxYD3r
— L'Olympia (@OLYMPIAHALL) November 1, 2015
Mais pour les jeunes à qui je parle d’un temps... Je rappelle aussi que Claude Vanony, c’est aussi deux disques d’or à l’époque où n’existaient pas YouTube ou le streaming.
Si on voulait un disque, on allait l’acheter. Et un disque d’or représentait 100 000 albums vendus et non plus 50 000 comme aujourd’hui. Même si ce ne sont que des chiffres, cela en dit beaucoup sur l’artiste qui fut aussi l’humoriste français le plus écouté dans les bus de France. Excusez du peu.
Après l’épisode coronavirus, Claude va continuer à faire ce qu’il aime sur scène (il devrait y être sans ce confinement) et personnellement, la prochaine fois, j’espère discuter à nouveau avec lui, autour de la même table cette fois. De la vie tout simplement. Merci Claude et bons spectacles…
L'entretien complet en vidéo ici :