Depuis quelques années, nous sommes témoins de la libération de la parole qui permet d'exposer certains tabous qui autre fois, étaient passés sous silence. Nous parlons aujourd'hui plus facilement, surtout dans les pays développés. La pandémie de Coronavirus a isolé un grand nombre d'entre nous, ce qui a engendré une solitude physique et psychologique chez de nombreux individus. Certains utilisent des médecines douces pour apaiser leur malêtre. D'autres ont eu besoin de garder un certain contact avec les autres ; ils se sont donc tournés vers des sites qui proposent de la thérapie et du soutien émotionnel gratuit en ligne.

Ces systèmes permettent aux personnes de communiquer avec des inconnus du monde entier par tchat direct, anonymement. Sur certains de ces sites, le 'psychologue' fait cette activité bénévolement et sans formation réelle.

Quand on est 'psychologue'

Sans rien indiquer de son identité, la personne crée un compte et est mise en relation avec des personnes du monde entier qui parlent la même langue que lui. Généralement, les deux internautes ne viennent même pas du même continent. Si la personne crée un compte pour être l'auditeur, il suit une petite formation, qui se résume à lire un texte, lui indiquant comment parler aux personnes en situation de détresse. Il convient d'insister sur le fait qu'elle n'est pas qualifiée pour se retrouver dans une position de psychologue.

D'autres part, il est indiqué dans la formation au 'psychologue' qu'il est fortement déconseillé de quitter la conversation avant que le 'patient' n'ait fini de s'exprimer, surtout si celui ci fait allusion à de la violence envers autrui ou envers lui même. Cependant, il s'agit d'un engagement tacite de la part de l'auditeur, qui n'est pas obligé de suivre cette indication et peut quitter la conversation à tout moment.

Cela dépend en effet du 'bon vouloir' de celui ci. Une déconnexion soudaine de la part de l'auditeur peut cependant se révéler très dangereuse car le 'patient' se retrouve soudain seul et livré à lui même.

Il n'est pas question de conseil, mais juste d'écoute ; l'auditeur ne doit apporter aucun jugement, ne doit pas donner son avis ou de conseil (ce qui devient compliqué quand on parle plusieurs heures par jour avec la même personne).

Quand on est 'patient'

Lorsque le 'patient' créé un compte, il indique le sujet dont il souhaite discuter. Il y a des sujets plus ou moins 'graves', certains 'patients' souhaitent juste parler ; pour d'autres, il en va de leur vie.

Les personnes qui choisissent de parler à des étrangers sur des tchat anonymes sont généralement en grande détresse. Ils vivent souvent dans des pays où certains sujets restent encore très sensibles ; l'aide et le soutien psychologique, y sont pas ou peu disponibles. Le 'patient' peut discuter avec plusieurs 'psychologues' en même temps, afin d'être sûr qu'une oreille attentive lui réponde ; malheureusement, ce n'est pas toujours le cas et il doit répéter son histoire à chaque fois.

L'engagement émotionnel de l'auditeur

Il est souvent oublié sur ce genre de site, que le 'psychologue' parle à une vraie personne, souvent en extrême souffrance. Une simple déconnexion de sa part, peut engendrer une forte réaction chez le 'patient' qui se retrouve soudain abandonné.

En tant que 'psychologue' (non qualifié, il faut le rappeler), il arrive de parler à des personnes pour lesquelles, il est le dernier espoir. A partir d'un moment, il n'est plus possible de rester détaché et objectif, l'humain prend le dessus. L'auditeur s'investis donc plus fortement, et devient affecté par la détresse de l'autre ; cela est destructeur pour une personne qui n'a pas été formée à gérer cela. Il est réellement nécessaire pour les 'psychologues' en ligne d'avoir une vraie formation professionnelle qui leur apprend à maintenir une distance avec la personne qu'ils écoutent.

Il en va de leur propre santé mentale également.

Les dangers pour le 'patient'

Ces sites d'aide en ligne peuvent également s'avérer dangereux pour les 'patients' qui y expriment leurs secrets les plus intimes. Bien que l'anonymat les protège, une personne en situation de souffrance est vulnérable, elle peut être manipulée plus facilement. L'identité de l'auditeur n'étant également pas révélée, il est plus facile pour des personnes mal intentionnées d'utiliser ces sites à des fins malhonnêtes ou perverses. Bien que le contenu des conversations peut être dénoncé (à cause de paroles inappropriées par exemple), la manipulation est souvent subtile, le terrain idéal pour les dérives sectaires, l'extrémisme ou les thérapies de conversion.

Le 'patient' étant déjà vulnérable psychologiquement, peut donc se mettre en effet en danger sans le savoir, en exposant sa vie et son contenu à des étrangers dont la véritable intention est inconnue.