La recension des parrainages par le Conseil constitutionnel s'est terminée vendredi soir. Seuls 11 candidates et candidats en ont obtenu plus de 500. Les parrainages se sont aussi dispersés sur des personnalités qui n'avaient nullement l'intention de se présenter et la liste avoisinait la cinquantaine. Dans cette catégorie, on trouve François Baroin, ou Laurent Wauquiez, et même Lionel Jospin, François Hollande ou encore Daniel Cohn-Bendit et bien sûr Alain Juppé (313 parrainages). Mais commençons plutôt par les candidates ou candidats ayant manifesté l'intention de se présenter aux suffrages et qui ne le pourront pas.

C'est le cas de Michèle Alliot-Marie, tête de liste, et de Rama Yade, en queue (alphabétique), ou d'Henri Guaino, de l'écrivain Alexandre Jardin, de Charlotte Marchandise, de Nicolas Miguet, d'Oscar Temaru ou d'Antoine Waechter (qui fut candidat écologiste en 1988). Quant au Breton Christian Troadec, il avait abandonné la course voici quelques semaines, faute d'avoir recueilli suffisamment de parrainages.

Lassalle et Cheminade, outsiders

Jacques Cheminade s'ancre donc dans le paysage politique français. Ce sera sa troisième campagne (après 1995 et 2012). C'est véritablement un candidat antisystème (financier et autre), dont les programmes mêlent conservatisme, futurisme, socialisme, et parfois complotisme.

Philippe Poutou, successeur de Besancenot au NPA, est le pendant "gauche de la gauche" de Nathalie Arthaud, de Lutte ouvrière. Même cumulés, les voix se portant sur ces trois candidats risquent peu de dépasser la barre des 5% permettant de se faire rembourser ses frais de campagne. Un objectif qui est peut-être à la portée du centriste Jean Lassalle.

Le Béarnais, député des Pyrénées-Atlantiques, inspire la sympathie. Ancien du Modem, il est siège en non-inscrit. Il peut prendre des voix écologistes tant au tandem Hamon-Jadot qu'à Jean-Luc Mélenchon. Et bien sûr des voix centristes à Emmanuel Macron mais aussi des voix rurales à Marine Le Pen ou François Fillon. Mais le personnage peut aussi recueillir des suffrages nombreux de gens ayant presque toujours voté à gauche.

On l'entendit interrompre Nicolas Sarkozy à l'Assemblée, entonnant en béarnais l'hymne catalano-occitan (Si Canti) pour protester contre la fermeture de services de proximité. En mars 2006, il entama une grève de la fin de 39 jours et réussit à maintenir une usine dans la vallée d'Aspe. En avril 2013, il effectue un tour de France à pied pour incarner "la voix des sans-voix". Il fut bien accueilli par les participants à Nuit debout et même les LGBT ne lui tiennent pas vraiment rigueur d'avoir voté contre le mariage pour tous. C'est le père du joueur de rugby Thibault Lassalle (Castres) et un maire rural estimé de ses pairs. En politique étrangère, il se veut plus pragmatique qu'idéaliste. Il peut gratter des voix tant côté écolos que versant chasseurs, en ubac comme en adret.

Ce grand gaillard au parler rocailleux est assez bien résumé par les titres de ses quatre ouvrages, La Parole donnée, Le Retour du citoyen, À la rencontre des Français et Un berger à l'Élysée. Voter nul ou voter Jean Lassalle n'est certes pas équivalent, mais l'alternative est envisageable. De plus, les "pêcheurs à la ligne" (abstentionnistes) peuvent se laisser séduire. C'est aussi un candidat trans-générationnel, susceptible de glaner dans toutes les tranches d'âges. Enfin, sa carrière politique est égale à celle de François Fillon (maire à 21 ans contre assistant parlementaire à 22) et il peut reprendre à son compte le slogan de campagne du second : "le courage de la vérité". En autant d'années de carrière, on ne lui connaît ni gamelle, ni retournement de veste.

Il n'incarne pas le vote utile, mais sans doute l'un des moins pires. Authentique, courageux, probe et sincère, Jean Lassalle surprendra assurément. S'il ne sera pas du premier grand débat télévisuel, les médias lui accorderont sans doute l'occasion de se faire mieux connaître.