Dimanche soir, Jean-Luc Mélenchon a surpris tout son monde. Pas par son score, qui avoisine les 20%, ce qui était attendu après une importante dynamique engagée depuis plusieurs semaines. Mais bien par sa décision de ne pas se prononcer en vue du second tour de la présidentielle entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Le candidat de la France insoumise laisse le choix à ses militants, ce qui a suscité de vives réactions de la part de nombreux politiques, à droite comme à gauche, dénonçant un jeu dangereux et un manque de respect au fameux « Front républicain ».

Comme promis, la France insoumise à lancé ce mercredi cette fameuse consultation en direction de ses militants. Ces derniers ont plusieurs choix : voter Emmanuel Macron, voter blanc ou s'abstenir. Il n'existe donc pas de possibilité pour ces militants de proposer un vote en faveur de Marine Le Pen. « Comme chacun le sait, le mouvement de La France insoumise est, par définition, lié aux principes de notre devise républicaine “Liberté, égalité, fraternité”. Le vote pour la candidate d'extrême droite ne saurait donc représenter une option », précise le mouvement désormais leader de la gauche.

Un « Front insoumis » face au « Front républicain » ?

Cela n'empêche pas Marine Le Pen de croire qu'elle peut rassembler un grand nombre d'électeurs de Jean-Luc Mélenchon lors du second tour.

Invité sur TF1, la candidate du Front National n'a pas hésité à s'adresser directement à eux. « Je vais dire aux électeurs de Mélenchon : 'Est-ce que sérieusement, vous envisagez de voter pour monsieur Macron ?'Est-ce qu'ils vont voter pour quelqu'un qui va faire une loi El Khomri fois mille" ? ». La candidate du FN a également fait sensation en parlant d'Emmanuel Macron comme candidat de la « France soumise ».

Invité sur France Inter, Jean-Marie Le Pen est lui allé plus loin en parlant de Jean-Luc Mélenchon en des termes élogieux après sa décision de dimanche soir de ne pas se prononcer sur le second tour. « Ça me paraît très digne de la part d’un candidat qui a fait une percée remarquable et qui était le meilleur sur le plan oratoire », a confié le finaliste de l'élection présidentielle de 2002.

L'opération séduction est donc lancée pour un Front National qui entend bien se battre jusqu'au bout pour gagner, ou à défaut, s'incliner avec un score honorable de plus de 40%.

Marine Le Pen stable à 40% dans les sondages

Emmanuel Macron a-t-il senti le danger ? Toujours est-il que le candidat du mouvement En Marche a tenu à répliquer sur France 2, en évoquant la décision de Jean-Luc Mélenchon de ne pas rejoindre le « Front républicain ». « Je suis triste pour ses électeurs, je pense qu'ils valent beaucoup mieux que ce qu'il a dit dimanche soir », a lancé celui qui est arrivé en tête du premier tour. Emmanuel Macron a également dénoncé le manque de position claire de la part des Républicains.

Pour rappel, le bureau politique du parti de droite a décidé de faire barrage au Front National... en appelant cependant pas au vote Macron. Contrairement à Jacques Chirac en 2002, l'ancien ministre de l’Économie aura donc du mal à rassembler au second tour, notamment parce qu'il est considéré par beaucoup comme l’héritier de François Hollande. Une impression confirmée lorsque le chef de l’État a informé en début de semaine qu'il voterait pour son ancien protégé. Selon les derniers sondages, cela pourrait pousser 19% des électeurs de la France insoumise dans les bras du FN au second tour. Chez Les Républicains, ils sont près d'un tiers à avoir voté François Fillon à se prononcer en faveur de Marine Le Pen. Des chiffres en hausse chaque jour...