Cette fois-ci, les universités aussi se sont jetées dans la course à la présidentielle, en sortant de leur silence habituel dans ces moments électoraux : en effet, les deux présidents de l'université Paris-Descartes et de l'université de Bourgogne ont envoyé un mail à leurs étudiants pour les demander de voter au second tour face au danger du Front National. Ils n'ont pas explicitement appelé à voter pour Emmanuel Macron, mais ils ont appelé à la mobilisation dans les bureaux de vote pour faire battre le Front National.

Un non respect de la déontologie ?

Le président de l'université Paris-Descartes, dans son mail, admet clairement qu'il outrepasse ses fonctions et son devoir d'impartialité en demandant à ses étudiants de faire barrage au Front National, mais soutient que l'heure est grave, ce qui explique sa décision : " En vous adressant ce message très personnel et très inhabituel pour moi, j'abuse de mes prérogatives de président. (...) Aujourd'hui, j'estime que l'enjeu pour l'existence même de l'esprit universitaire est tel que je suis obligé de franchir cette limite."

Cet aveu s'est ensuivi d'une critique à peine voilée des propositions du Front National, lesquelles, selon le président de cette université, iraient à l'encontre de l'esprit critique et de la démarche scientifique qui doit être celle d'un bon chercheur : " Le populisme ne propose que des messages à l'emporte-pièce, faciles à entendre et simplistes à ceux qui renoncent à tout esprit critique.

Et l'esprit critique est la base même de la démarche scientifique et de l'âme universitaire." Ainsi, ce biologiste de formation appelle clairement à aller voter, et à ce que ce vote ou une éventuelle abstention ne profitent pas à Marine Le Pen, car voter blanc revient à voter Le Pen, ne pas voter revient également à voter Le Pen, voter Le Pen revient bien évidemment à voter Le Pen, mais voter Emmanuel Macron pourrait éviter un désastre pour la France.

La conférence des universités approuve

Cependant, ce genre de messages n'est pas limité au président de l'université Paris-Descartes, ni à celui de l'université de Bourgogne : en effet, même la conférence des universités a appelé à faire barrage à l'extrémisme, en début de semaine. En cela, elle ne contredit pas, ni même ne blâme, l'attitude des deux présidents ayant envoyé un mail à leurs étudiants.

Selon ces intellectuels, il faut voter contre Marine Le Pen le 7 mai, car son programme est " porteur de régression et de déclin sur tous les plans." Bref, le phénomène n'est pas limité, et l'ensemble du monde intellectuel semble se mettre en marche contre le nationalisme proposé par Marine Le Pen... voilà qui risque de ne pas plaire aux dirigeants du Front National, qui risquent encore une fois de se victimiser et de clamer qu'un système est contre eux, contre le peuple.