Limiter le champ politique du Président de la République au principe des "cent premiers jours" de l'exercice de son mandat, Emmanuel Macron n'y a jamais vraiment cru. Pour preuve, il accordait un entretien au JDD le 09 avril dernier afin d'exposer de son agenda non pas les réalisations qu'il comptait opérer dans le quotidien des français sur le courant de cette période, mais les mesures qu'il allait mettre sur les rails afin d'y parvenir. Alors depuis le 07 mai et une élection sur fond de changement, le plus jeune président de l'histoire de la Ve République en a fait du chemin pour convertir ses promesses de transformation en actions.
La transformation des institutions
Un Exécutif plus efficace et collégial. Le candidat Macron promettait pour son Gouvernement la mise sur la table d'objectifs clairs de l'action publique et du budget avant les législatives. Finalement, le Gouvernement d'Edouard Philippe ne rendra sa feuille de route que durant l'entre-deux tours des législatives, tandis que les objectifs budgétaires de l'année en cours n'étaient dévoilés qu'en mi-juillet. La faute à un risque de dérapage du budget souligné par l'audit des finances publiques qui a entraîné des restrictions mal vues par beaucoup. Des Armées avec la démission du général De Villiers aux étudiants et la baisse des APL, en passant par les collectivités territoriales, la grogne reste encore visible.
Emmanuel Macron s'était engagé avec son partenaire du MoDem François Bayrou à assainir le milieu politique en s'attaquant aux pratiques parfois flous des élus dans le but de restaurer la confiance du citoyen vis-à-vis du politique. Et conformément à ce qui reste l'une de ses promesses phares de campagne, le projet de loi sur la moralisation de la vie publique a été présenté avant les élections législatives et vient tout juste d'être adopté à l'Assemblée.
Fin des emplois familiaux pour les exécutifs locaux, les parlementaires et les ministres, Remplacement de l'indemnité représentative de frais de mandat par un système de remboursements de frais, encadrement plus strict des activités de conseils pour les parlementaires, un ensemble de mesures qui devront permettre de rendre plus transparente la gestion de la vie publique.
Macron souhaitait mettre en place dès le début de l'été par le biais de son Gouvernement un projet de loi d'habilitation par ordonnances pour insérer dans les textes la simplification administrative et le droit à l'erreur afin de permettre aux individus et aux entreprises de bénéficier d'un accompagnement et de conseils au motif de bonne foi en cas de première erreur sur le système d'application des règles. Le texte ne sera finalement présenté qu'à la rentrée. De plus, il faut noter que le Gouvernement a engagé des consultations avec les syndicats sur la sensible réforme à venir du Code du travail.
Concernant l'éducation, la sécurité et l'Europe
Emmanuel Macron voulait dès la rentrée 2017 le dédoublement des classes de CP et CE1 pour les zones d'éducation prioritaire, la liberté pour les communes de choisir entre différents rythmes scolaires et une remise à jour des classes bilangues.
C'est en partie chose faite pour le Président de la République.
Sur le plan de la Sécurité, Macron désirait une cellule de coordination du renseignement et une task force visant l'élimination de l'EI. Promesse tenue avec la mise sur pied le 07 juin du "Centre national de contre-terrorisme". De plus, un projet de loi de lutte contre le terrorisme visant à renforcer la capacité de réponse de l'État est en voie d'être examiné à l'Assemblée pour adoption.
Pour l'Europe, Macron souhaitait la réorientation du couple franco-allemand et de l'UE pour un idéal de liberté et de protection commune. Le président français et la chancelière allemande n'ont d'ailleurs pas manqué d'afficher leur engagement à une révision du projet européen.
Pour le reste, Emmanuel Macron fera sa première tournée européenne dès la fin août afin de convaincre ses homologues bulgare, autrichien et roumain.
C'est donc en gros un pari tenu par le président français pour ses cent premiers jours, mais il faut noter que l'état de grâce dont il a bénéficié dès son élection semble désormais bien loin.