Selon les personnes impliquées dans les enquêtes, trois comités du Congrès se débattent concernant les rapports d'un ancien espion britannique qui sont au centre des enquêtes sur les allégations américaines selon lesquelles la Russie a tenté d'aider la campagne présidentielle de Donald Trump en 2016.

Le dossier assemblé par l'ancien officier du MI6 Christopher Steele a décrit les liens financiers et personnels de la Russie avec la campagne de Trump et ses associés. Le comité du renseignement du Sénat et le conseiller spécial Robert Mueller envisagent la possibilité d’une connivence entre la Russie et la campagne de Trump.

Cependant, les présidents républicains des commissions du renseignement et de la magistrature du Sénat contestent la crédibilité du dossier, et selon des sources proches des enquêtes, les Russes ont peut-être joué un rôle dans son invention.

En effet, le duel n'est pas purement partisan. Le sénateur Richard Burr, le président républicain du ‘Senate Intelligence Committee’, et Mark Warner, le démocrate de la commission, dirigent ce que d'autres membres du comité des deux partis ont appelé un effort sérieux afin de poursuivre les allégations de Steele. "Si je comprends bien, une bonne partie de ses informations n'a pas encore été prouvée, mais rien n'a été réfuté et des montants considérables ont été prouvés", a déclaré le démocrate Sheldon Whitehouse, membre du Comité judiciaire du Sénat, dans une interview avec Reuters sans élaboration supplémentaire.

Influence politique ou indépendance vis-à-vis de la politique?

Alors que Trump a nié toute collusion par sa campagne ou ses associés, la Russie a également nié à maintes reprises toute ingérence dans les élections de novembre dernier remportées par l'homme d'affaires Trump, un républicain, contre le démocrate et l'ancienne secrétaire d'Etat Hillary Clinton.

Dans un rapport publié en janvier, quatre agences de renseignement américaines ont déclaré prendre au sérieux les allégations du dossier. Le président du Comité judiciaire du Sénat, Chuck Grassley, a été le plus sévère critique public de Steele, suggérant que la Russie aurait pu avoir une certaine influence sur Fusion GPS, la firme de recherche de l'opposition américaine qui a embauché Steele et qu'ils ont probablement enfreint la loi américaine.

Le dossier a été commandé pour la première fois au nom des opposants de Trump dans la primaire républicaine, et puis les démocrates l'ont pris quand Trump est devenu le candidat présidentiel. Steele a ensuite rencontré des représentants du FBI avant l'élection pour partager ses conclusions.

Dans une lettre datée du 6 mars adressée au directeur du FBI, James Comey, Grassley a écrit: "L'idée que le FBI et les associés de la campagne de Clinton paieraient M. Steele pour enquêter sur le candidat républicain à la présidence des élections soulève des soupçons autour de l'indépendance du FBI vis-à-vis de la politique, ainsi qu’autour l'administration d’Obama et son abus des forces de l'ordre et des agences de renseignement à des fins politiques ".

Sheldon Whitehouse a toutefois déclaré qu'une audience du comité judiciaire du 27 juillet convoquée par Grassley faisait partie d'un effort républicain qui avait pour but de discréditer Steele en créant une confusion et une fausse impression que la Russie a payé Steele pour le dossier.

"Il ne pouvait pas être plus clair qu'il n'y a aucune preuve d'un rôle russe derrière ce dossier", a ajouté Whitehouse.

Un assistant du Comité judiciaire a déclaré sous couvert de l'anonymat: "Le peuple américain doit être capable de croire que le FBI et le Département de la Justice fonctionnent sans influence politique. C’est ce que cette enquête tente de prouver et nous allons suivre les faits partout où ils mènent. "

Entre le déni total et la persistance du FBI

Des sources familières avec la sonde ont dit qu’en dépit de sa récusation de l'enquête du Comité de renseignement de la Chambre en avril, le président républicain, Devin Nunes, tente également de discréditer le travail de Steele. D’autre part, une source familière avec l’affaire a déclaré que Nunes a assigné les partenaires qui gèrent Fusion GPS, la firme de recherche de l'opposition américaine qui a embauché Steele.

Joshua Levy, conseiller de Fusion GPS, a déclaré dans un communiqué que "Ceci est une tentative flagrante de saper le reportage de ce que l'on appelle le « dossier » alors même que la principale conclusion d'une vaste campagne du gouvernement russe pour influencer le résultat de l'élection présidentielle de 2016 a été confirmée par la communauté américaine du renseignement et est maintenant largement acceptée comme un fait ".

Le démocrate de la Commission Eric Swalwell a également riposté en disant que Nunes a dit au Congrès qu'il s'était récusé et que l'émission des assignations violerait cette récusation. "C’est aussi un moyen de faire cavalier seul, de ne pas travailler avec les démocrates, et il semble qu'il essaie à nouveau de miner l'enquête", a déclaré Swalwell.

Le mois dernier, Nunes a également utilisé son pouvoir pour délivrer des assignations au FBI et au département de la Justice, au directeur du FBI, Christopher Wray, et au vice-procureur général Rod Rosenstein, exigeant qu'ils remettent leurs dossiers sur Steele, sur lui et leurs enquêtes sur son travail.

Jusqu'à présent, le ministère de la Justice et le FBI n'ont pas retourné les informations demandées par Nunes à cause de l'enquête du FBI supervisée par le conseiller spécial Mueller qui a refusé de commenter la demande ou l'enquête.