Mardi 6 février 2017, le président Emmanuel Macron a effectué un déplacement diplomatique (dit-on) sur le territoire Corse. D'entrée de jeu, le chef de l'État donne le ton, il rend hommage à Claude Erignac un ancien Préfet « lâchement assassiné » le 6 février 1998 à Ajaccio par des terroristes, ou plutôt des nationalistes Corse. Du coté des élus locaux, la scène est orchestrée avec minutie puisque Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse (majoritairement composée de nationalistes) sèche l’entrevue et ne se rend pas à l’hommage républicain à un élu de la Nation.
Seul Gilles Simeoni Président du conseil exécutif de Corse s’y rend et accompagne le président. Malgré un discours ferme où Macron lâche des mots durs comme « martyr laïc », « tentation du sang », « ignoble attentat », « assassiné » ; le président jouissait d'une faiblesse diplomatique importante dans la France entière.
Combat de coqs en Corse
En effet, après avoir négocié, durant plusieurs jours, l’installation d’un drapeau français dans la salle des négociations, comme si l’acte était une victoire, la victoire d’installer un drapeau nationale dans une institution française, le Président entame des pourparlers grandiloquents avec, comme à son habitude, une communication parfaite, des angles parfaits, des photos parfaites, un sourire parfait.
Du coté corse, Simoeni, soucieux et préoccupé, souhaite « trancher » cette question de l’indépendance Corse alors que le président, semble-t-il, n’avait aucunement envie de céder l’Île-de-beauté à un groupuscule minoritaire extrémiste puisque. Rappelons-le, aux élections en décembre 2017, plus d’un Corse sur deux ne s’était pas rendu au bureau de vote.
Simeoni avait obtenu certes 56% des suffrages exprimés, mais seulement 28% des inscrits, pénalisant sa légitimité au trône de Corse. Pour le président, ce déplacement est un champ miné. Pris par la tournure des événements et les pressions des nationalistes qui demandent une autonomie quasi complète, Emmanuel Macron ne peut pas prendre le risque de déclencher un conflit lourd de conséquences sur une partie du sol français, qui dégraderait fortement son image, qui, notons-le, s’est déjà affaiblie avec le retour en arrière du Gouvernement sur la question de l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes. En fin de soirée, le Président s’est rendu au musée Fesch, avec un large sourire, le temps de faire durer un peu plus le suspense sur l’avenir de la Corse, qui devrait se préciser demain.