Un déplacement de deux jours en Corse dont Emmanuel Macron se souviendra. Venu pour rendre hommage au préfet Claude Erignac à Ajaccio, vingt ans après son assassinat par des indépendantistes corses, le président de la République a également dû faire face aux attentes des élus corses sur de nombreux sujets. Dès son discours lors de la cérémonie de commémoration mardi, Macron a donné le ton : pas question pour lui de céder à toutes les exigences réclamées par la Corse. Il sera ferme, notamment sur le sujet de l'amnistie des prisonniers. Un sujet qui a donc fait blocage plus tard dans la journée, lorsque Emmanuel Macron a retrouvé Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse, et Gilles Simeoni, celui de l’exécutif de l'île de Beauté, pour une entrevue d'environ deux heures.

Mention de la Corse dans la Constitution, amnistie des prisonniers donc, mais aussi oc-officialité de la langue corse : les deux élus arrivaient avec plusieurs attentes sous le bras. Ils sont visiblement repartis déçus, puisque le lendemain, ce mercredi, Jean-Guy Talamoni et Gilles Simeoni ont boycotté le déjeuner auquel les avait convié Emmanuel Macron. Les députés de l'île de Beauté et le maire de Bastia ont fait de même. Un véritable acte de défiance des élus corse envers le président de la République.

L'économie et le social au cœur du discours de Bastia

Ce mercredi après-midi, lors d'un discours prononcé à Bastia où les élus de la Corse étaient cette fois bien présents, Emmanuel Macron a donc tenté de désamorcer les tensions en effectuant plusieurs annonces, principalement autour du développement économique de l'île.

Faible industriellement, l'île « doit construite son avenir au sein de la République, tout en prenant en compte ses spécificités », a assuré Emmanuel Macron. Le président de la République souhaite « l'épanouissement » de la Corse et a promis des investissements concernant plusieurs infrastructures, dont l'hôpital de Bastia.

Macron assure également que des investissements seront faits afin de protéger les Corses face aux incendies qui ravagent l'île chaque été, mais aussi pour le développement d'une meilleure couverture de la téléphonie mobile. Concernant un volet plus social, le président élu en mai dernier souhaite développer l'accès au logement, mais aussi lutter contre l'insécurité présente sur l’île de Beauté en mobilisant plus de forces de l'ordre.

Les nationalistes attendaient une réponse politique

Ces annonces suffiront-elles à calmer les tensions naissantes entre les élus corse et l’exécutif ? Clairement, Jean-Guy Talamoni et Gilles Simeoni ont affiché leur scepticisme le plus profond concernant la position d'Emmanuel Macron sur le dossier corse. Le président de la République n'a sans doute pas su répondre à leurs attentes concernant leur souhait de voir la Corse bénéficier de plus d'autonomie. Les mesures économiques annoncées par Macron, même si elles devraient permettre un développement au niveau local, ne seront sûrement pas suffisantes aux yeux des nationalistes. Ces derniers voulaient des engagements politiques, ils ont obtenu des réponses économiques.

Les prochaines semaines et les prochains mois promettent donc d'être intéressants à observer. Les nationalistes Jean-Guy Talamoni et Gilles Simeoni avaient prévenu qu'ils tireraient toutes les conséquences du déplacement du président de la République sur l'île de Beauté. Se dirige-t-on vers une défiance de plus en plus grande de la Corse envers Paris ? Quoi qu'il en soit, le dossier de la Corse promet d'être l'un des plus chauds du quinquennat d'Emmanuel Macron.